Judaïsme et vulnérabilité

J’associe le judaïsme à la vulnérabilité. Ce n’est pas un cliché mais un ressenti personnel.
Pourtant Israël existe et contribue à la sécurité des juifs en diaspora. Les Etats-Unis sont puissants et la communauté juive américaine est influente. Malgré l’antisémitisme mondial, les juifs sont relativement bien organisés et suffisamment armés pour faire face à leurs ennemis.
Mais il existe une vulnérabilité plus profonde, intrinsèque au judaïsme. C’est ce sentiment de précarité, d’équilibre toujours menacé, d’hostilité permanente. Même l’empathie envers les juifs inquiète car on se demande combien de temps elle va durer… Si les événements ne vont pas la transformer en animosité…

Cette vulnérabilité propre à notre histoire se manifeste aussi de façon plus intime.
Elle nous fragilise dans la vie de tous les jours, nous fait douter, nous inhibe, nous confine à l’immobilisme, nous rend trop sensibles aux événements, complique nos relations avec les autres.

Mais elle est aussi une force. Car elle nous oblige à être vigilant, à ne pas nous reposer sur nos acquis, à nous dépasser. Car en surmontant ses angoisses et ses doutes, on devient encore plus solide. Ainsi force et faiblesse sont étroitement liées dans ma conception du judaïsme.

Cette vulnérabilité résonne avec notre sensibilité. Et celle-ci peut être transcendée dans des différents domaines: l’art, l’écriture, la musique par exemple.
Evidemment tous les juifs ne se sentent pas vulnérables alors que des non-juifs peuvent la ressentir.

Pourtant, j’ai l’impression que chez les juifs tout est exacerbé et vécu de façon plus intense et douloureuse. Comme cette torture psychologique qui consiste à chercher à tout comprendre, y compris les émotions les plus insaisissables, alors que d’autres se posent moins de questions, dédramatisent les difficultés et vivent plus librement
Le judaïsme ne serait-il pas une forme de radicalité où tous les sentiments s’exacerbent et rentrent parfois en conflit?

Je ne crois pas à la possibilité d’un équilibre, d’un entre-deux, d’une voie médiane, plus sereine, plus apaisée. Force/faiblesse, Joie/tristesse, Haine/Amour. Espoir/désespoir… Accueillons ces sentiments antagonistes quand ils nous visitent ou même nous submergent. Ne cherchons pas à les refouler ou les chasser. Approprions nous les pour en faire des actions positives qui nous épanouissent et font du bien à nos proches.

En s’efforçant d’être optimiste. Car l’optimiste considérera les moments difficiles comme un passage, voire une opportunité d’aller vers l’avant, tandis que le pessimiste se méfiera des bons moments qui contrastent avec la pénibilité de son quotidien.
Il est impossible de contrôler nos sentiments mais on peut changer la perception que l’on a d’eux…