Le problème Esther Benbassa

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Mme Benbassa est une universitaire connue, spécialiste du monde séfarade ,auteure de plusieurs ouvrages sur l’histoire du peuple juif. En 2011 elle est élue sénatrice EELV et fait partie entre autres du groupe France-Israël au sénat, France-Turquie, France-Palestine.

On voit déjà se profiler les contradictions et la complexité de la pensée de Mme Benbassa. Elle participe à de nombreux débats et conférences en ne s’interdisant pas la proximité de conférenciers sulfureux comme Tariq Ramadan. Elle est de tous les combats : contre l’homophobie, le sexisme, le racisme, la défense des migrants et des minorités… dont acte.
Le problème avec Mme Benbassa c’est que son indignation est à géométrie variable. Elle défend les minorités de préférence arabo-musulmanes en France (ils sont quand même près de 2 milliards dans le monde) en nous disant que même s’il n’existe pas de racisme d’état en France, elle leur faisait ce qu’elle avait fait aux Juifs en son temps. D’ailleurs lors de la manifestation du 10 novembre contre « l’islamophobie » on peut voir la sénatrice EELV poser goguenarde avec plusieurs manifestants, dont une petite fille arborant une étoile jaune à cinq branches flanquée du croissant islamique, rappelant le tristement sort fait aux juifs sous le régime de Vichy. Explications vaseuses de la sénatrice devant le tollé de protestations.

Mme Benbassa n’est pas à une provocation près. Elle écrit à propos du gang des barbares, après le massacre du jeune Ilan Halimi torturé pendant 24 jours puis laissé pour mort : « Croire qu’ils étaient mus par une idéologie antisémite articulée serait sans doute excessif. » Le stéréotype du genre les Juifs ont du pognon, tout comme les auvergnats seraient avares ou les bretons têtus, n’est pas antisémite. À quand le génocide des auvergnats et des bretons !

Elle est féministe mais assène que « le voile n’est pas plus aliénant que la mini jupe »,  les jeunes femmes en mini jupe des « territoires perdus de la République » apprécieront. Quant à l’homophobie elle devrait savoir que pour les homosexuels, Israël dont elle stigmatise en permanence la politique est un pays de liberté , ce qui n’est pas le cas des pays musulmans. On ne vous a pas vu dans la manif contre l’islamophobie manifester avec des homos ou des féministes. Forcément elle était organisée par le CCIF, soupçonné d’être proche des frères musulmans. Mme Benbassa ne s’empêche pas de faire l’amalgame entre islamophobie et antisémitisme, comme cette ancienne candidate voilée EELV aux élections cantonales de 2015 qui compare l’interdiction du burkini à l’holocauste. Mme Méziani a même proposé à l’époque un autre sondage : « Faut-il une loi pour rouvrir Dachau et y interner les femmes musulmanes voilées ( solution finale ) ». Mme Benbassa s’inscrit dans cette mouvance de collusion de partis islamo-gauchistes qui ont appelé à la manifestation du 10 novembre contre l’« islamophobie ».

Mme Benbassa, êtes-vous l’idiote utile de EELV? Vous déclarez à Médiapart: « Je suis juive, je suis allée à la manif du 23 et je n’ai pas de problème avec Israël ». Comment pouvez vous assener une telle déclaration alors que votre parti EELV qui est de toutes les manifestations anti-sionistes, pro-palestiniennes et qui soutient cette infamie qu’est le BDS ( Boycot Désinvestissement Sanction) contre l’état d’Israël? Comment pouvez-vous dire dans le journal La Croix du 23/03/2018 qu’à un colloque de l’association France Palestine Solidarité auquel vous avez participé : « Si critiquer ou boycotter Israël n’a en soi rien d’antisémite, il peut y avoir des dérives antisémites dans les soutiens aux palestiniens ». Vous dites encore du bout des lèvres que vous n’êtes pas BDS car comment pourrai-je m’interdire de recevoir un ou une universitaire israélienne plus progressiste que moi ! Comprendre plus à gauche et plus pro-palestinienne que moi. On atteint des sommets dans le cynisme.

Sur Ashkénazes Francophones nous sommes évidemment sensibles à ce qui touche à l’identité ashkénaze, identité qui s’est construite au fil des siècles, faite de migrations de conversions, d’expulsions, de pogroms, ashkénazes toujours à la recherche d’un pays plus bienveillant pour eux. Les Juifs ashkénazes se définissent comme tels à partir du XIème siècle et les communautés se constituent dans le nord de la France et en Rhénanie. Plus tard après les persécutions en Allemagne les Juifs migrent vers toute l’Europe centrale. A partir du Moyen-Âge on peut dire que la condition des Juifs se détériore, même si aux XIème et XIIème siècle on voit éclore une vie intellectuelle riche dans les régions où les Juifs bénéficiaient de bonnes conditions de vie. Il n’en demeure pas moins que les Juifs sont alors des citoyens de seconde zone, exclus de nombreuses professions. Les massacres et les progroms perpétrés en Russie et dans toute l’Europe de l’Est provoquent de nouvelles migrations à partir du XVIIème siècle dans l’ouest de l’Europe; Angleterre, Pays Bas et le Nouveau Monde. La Haskala ou l’émancipation des Juifs d’Europe occidentale influencée par le mouvement des Lumières au XVIIIème siècle, l’émergence des États-nations qui prônent l’égalité des droits pour les Juifs, dure environ un siècle. Peu à peu les Juifs occidentaux s’émancipent de l’autorité religieuse et veulent vivre comme leur concitoyens. Fin de la Haskala en Europe vers 1880 avec les pogroms en Russie et en Europe de l’Est, puis début du sionisme en 1897 initié par Theodor Hertzl. On le voit; la vie des Juifs n’est pas un long fleuve tranquille et déjà l’insécurité permanente engendrée par l’antisémitisme, l’exclusion, les massacres, est omniprésente dans la population juive. Puis l’indicible arriva : la Shoah. L’extermination systématique des Juifs d’Europe, 6 millions de Juifs massacrés dont 1,5 millions d’enfants. Et après ça, Mme Benbassa, vous parlez de judaïsme larmoyant, de la « souffrance comme identité » ou encore de « la Shoah comme religion ».C’est tout fait inacceptable et provocateur. On n’enseigne pas la Shoah avec le « sourire aux lèvres » et la souffrance Mme Benbassa fait aussi partie de notre ADN. Quant à Israël dont vous critiquez sans cesse la politique, ce pays a permis aux juifs de la diaspora de ne plus raser les murs. Tous vos ouvrages, toutes vos conférences sont ciselés d’idéologie, exaspérée que vous êtes par les ashkénazes, un peu moins par les séfarades qui ont tout de même eu aussi leur lot de souffrance. Vous vous apitoyez sur le sort fait aux palestiniens mais pas sur celui des Juifs des pays arabes et musulmans qui ont fui massivement leurs pays en y laissant tous leurs biens. Ont-ils été indemnisés, ont-ils le droit au retour? Et en plus vous leur reprochez de rejeter leur arabité.

Mme Benbassa pour conclure « les Juifs ont-ils un avenir? » Nous reprendrons la phrase de Claude Lanzmann: « Madame quand je vous regarde, je me demande effectivement si les Juifs ont un avenir »