Juif, un mot sous tension…

 

mot juif

 

La prononciation du mot juif dans une discussion, est souvent source de tension, même si celle-ci ne se concrétise pas systématiquement par un conflit. En effet, il évoque des thèmes difficiles : l’histoire douloureuse, la souffrance, l’antisémitisme, les préjugés, le conflit israélo-palestinien…
Admettons que le terme juif est actuellement plutôt connoté négativement. Même si le judaïsme est aussi empreint de positivité ; les fêtes, la culture, la musique, l’humour, la foi, dans l’inconscient collectif des non-juifs, c’est le négatif qui prévaut la plupart du temps.

Le jour où « juif » pourra être prononcé et entendu avec sérénité, cela signifiera probablement que l’antisémitisme aura disparu. Soyons perspicaces; ce n’est pas demain la veille…. 
Par ailleurs, j’ai toujours pensé que les indifférents à notre égard étaient préférables aux philosémites. Si certains d’entre eux sont sincères, d’autres sont imprévisibles, leur amour pouvant aisément se transformer en haine.
Israël est probablement le seul pays dans lequel le mot juif reste neutre, car le judaïsme, sous-jacent à l’identité nationale, est une évidence. En diaspora cette neutralité se retrouve dans les échanges entre juifs. Dans l’entre-soi, l’enjeu est moindre et on se comprend.

Certains juifs n’osent pas dévoiler leur identité. Je ne les blâme pas parce qu’il y a plus inquiétant. C’est la crainte du jugement, éprouvée quand le mot juif est employé par les non-juifs.
Personnellement je parviens à discerner les personnes qui n’exprimeront pas, à priori, une opinion négative sur le judaïsme. Avec eux je me livre facilement. Mais cela peut être aussi un piège que je me tends inconsciemment, car ma trop grande confiance peut m’inciter à trop exposer mon judaïsme, au risque de lasser, voire d’irriter mes interlocuteurs. Il serait malheureux d’éveiller l’antisémitisme chez ceux qui ne l’éprouvaient pas.

Ce malaise est irrémédiable. Mais nous avons appris à vivre avec et nous continueront ainsi. A moins d’aller vivre en Israël…ou de dominer le monde. Evidemment, la deuxième option doit rester le fantasme des antisémites. 
Il est parfois tentant de prendre du recul et de dédramatiser son identité juive, en essayant de la mettre en parenthèses. Mais c’est le serpent qui se mord la queue. Comment minorer une composante essentielle de notre personnalité, alors que l’autre nous rappelle incessamment sa primauté ?