Pourquoi les ruptures amoureuses sont-elles dramatiques?

 

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C’est la tentative de suicide de la nièce d’un ami proche, après une rupture, qui m’a poussé à écrire ce qui suit. Evénement d’autant plus choquant que cette jeune fille avait 26 ans.
Heureusement, toutes les ruptures ne se passent pas de façon aussi dramatique. Mais il faut reconnaitre que beaucoup le vivent très mal.

Après une rupture, la douleur est intense, omniprésente et envahissante. Elle laisse peu de place à d’autres pensées ou émotions.
C’est tout un monde qui s’écroule faisant naître une immense tristesse et une grande dépression teintée de mélancolie. Avec parfois le faux espoir que l’être aimé va revenir. Cela berce des illusions qui permettent de tenir jusqu’à la guérison et plus tard l’oubli. Mais quand on sait que la séparation est définitive, c’est la désolation qui peut mener à l’auto-destruction: alcoolisme, drogues, scarifications et même suicide… Certains n’y succombent pas car ils sont plus rationnels et conscients que leur souffrance est démesurée et déréalisée…

Mais pourquoi une rupture amoureuse est-elle aussi dure?
La terrible souffrance découle de la fausse croyance en l’existence d’une âme soeur unique.
Quand on tombe amoureux et que l’on vit une belle histoire, on croit avoir trouvé la bonne personne. On est alors certain que l’histoire ne peut pas s’arrêter. On a même tendance à refouler les signes avant-coureurs de la rupture: les doutes, les différents, les conflits. On veut rester sur son nuage. Bien qu’éclipsées par l’amour, les souffrance sont déjà là : dépendance, jalousie, manque…
Mais on préfère ne voir que les moments « magiques ».

Alors la rupture est incompréhensible. On reste persuadé que l’on était avec la bonne personne et que si notre histoire est terminée, il est inutile de continuer à vivre. Etre séparé de son âme soeur est insupportable, invivable.
On essaye de trouver des raisons à un échec autrefois impensable. Souvent, on croit que l’on n’a pas été à la hauteur de la relation, que l’on n’a pas mérité celui ou celle qui nous était destiné. On culpabilise, on doute, on se dévalorise, on se sent réduit à néant. Parfois, on rejette la faute sur l’autre pour refouler l’amour que l’on éprouvait. Ainsi l’amour se transforme en haine.
La dépression et les idées morbides apparaissent.

Je ne m’attarderai pas sur les processus psychiques et biologiques de l’amour. Sauf à rappeler la citation de Lacan: « « Donner de l’amour, c’est vouloir donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ».
Mais ce n’est pas le sujet.
Le vrai problème consiste à croire qu’une seule personne est faite pour nous. Quand on a ressenti un amour intense pour quelqu’un, on pense à tort que l’on ne revivra jamais la même chose. Pourtant, les histoires suivantes ne sont pas moins intenses, même si les ruptures sont moins douloureuses ou moins longues. Mais encore faut il s’autoriser à accueillir de nouveau l’amour.

D’où vient cette fausse croyance en une âme soeur unique? Probablement de la religion. Des romans aussi. Ou encore de l’expérience de nos ainés qui se sont rencontrés jeunes et qui on fait toute leur vie ensemble.
Je pense qu’il faut comprendre que l’amour n’est pas exclusif. On peut aimer plusieurs personnes au cours de sa vie. Parfois en même temps mais c’est plus difficile à concilier. D’ailleurs, on tombe souvent amoureux de personnes très différentes, preuve de notre complexité et de notre richesse intérieure. Chaque histoire correspond à une partie de nous.
N’accordons pas non plus une place trop grande à nos relations amoureuses. Car l’excès est dévastateur. Ne délaissons pas notre famille, nos amis, nos passions…

Je terminerais sur la notion juive du Zivoug. Une définition sommaire pourrait être : « l’accouplement du masculin et du féminin qui permet le retour à l’unité. »
Je pense que pour trouver son Zivoug il faut déjà avoir une personnalité solide. Ceci passe par un travail sur soi et pour soi.
C’est notre épanouissement qui va nous permettre de trouver l’âme soeur.
L’autre ne peut pas être le palliatif à un manque.
Car, un amour solide, c’est l’union de deux personnes équilibrées et authentiques.