Simone Veil et les mariages mixtes

« Sur la question des mariages mixtes, mon père n’avait pas de préjugés. Un jour, je lui ai posé la question : «Est-ce que ça t’ennuierait si je me mariais avec quelqu’un qui ne soit pas juif ?» J’avais peut-être alors un garçon en tête, je ne sais plus, je voulais savoir ce qu’il en pensait. Ce devait être en 1943, en pleine Occupation. Et mon père m’a répondu : « Oh, non ! Le mariage est une décision individuelle, personnelle, et jamais je n’essaierais de t’influencer, mais moi je n’aurais pas épousé quelqu’un qui ne soit pas une Juive ou une aristocrate. » Comme cette réponse m’étonnait, il a continué : « Pour moi, la culture, c’est quelque chose de fondamental, et dans les familles juives ou aristocratiques, le livre existe depuis des siècles. » II estimait qu’il y avait un acquis, un héritage, une transmission de culture liés au livre, et que tout cela comptait. Ce n’était pas une question d’argent ni de snobisme, mais une question de culture. »

L’aube à Birkenau de Simone Veil