La lutte contre l’antisémitisme, une défaite permanente. A quand la victoire?

Lorsque l’on mène un combat quelque soit la cause que l’on défend, on a toujours pour objectif de le gagner. 
Qu’en est-il de l’antisémitisme?
Compte tenu de sa persistance à travers les siècles, l’idée même d’une victoire est difficile à envisager… de son vivant.
Les juifs qui résident en Israël doivent se battre pour leur survie ce qui est bien plus angoissant que les difficultés rencontrées par les juifs en Diaspora. Mais au moins en Israël la question de l’antisémitisme « intra-muros » ne se pose pas.
La mienne est la suivante: la prise de conscience des juifs de la Diaspora d’un combat à durée indéterminée contre l’antisémitisme ne les conduit il pas à une forme de résignation? Pas une résignation au sens d’une renonciation. Mais au sens d’une acceptation de la persistance de l’antisémitisme. Le schéma est toujours le même: une période de relative accalmie, suivie d’une crise qui voit la renaissance de l’antisémitisme. A ce moment là, les juifs se mobilisent en manifestant, en engageant des actions en justice, en sensibilisant leurs compatriotes et les politiques. Ces efforts ont des effets positifs qui font croire aux juifs que le calvaire est peut-être terminé. Et rebelote…
Les juifs finissent alors par penser à tort ou à raison que la lutte contre l’antisémitisme est un éternel recommencement. Une fatalité avec laquelle il faut apprendre à vivre.
Il serait peut-être de temps de mettre fin à cette conception… ou au moins d’essayer. Il est insupportable pour certains juifs dont je fais partie de se dire que l’on en viendra jamais à bout. Que nos descendants devront poursuivre la lutte après nous… Comme nous avons poursuivi celle de nos ancêtres.
Si on ne conçoit pas la fin du calvaire, autant partir en Israël ou à l’étranger ( l’herbe n’y est d’ailleurs pas forcément plus verte).
Nous ne sommes pas condamnés à lutter éternellement. Il faut envisager la victoire. Les sionistes en ont remporté une décisive avec la création de l’état d’Israël. Pourquoi les juifs de la diaspora seraient-ils d’éternels perdants?
Ne nous fixons pas l’objectif de lutter contre l’antisémitisme mais de l’éradiquer. La lutte, c’est la persistance de l’opposition avec l’ennemi. Nous voulons l’éliminer…
Je n’approfondirais pas ici les moyens pour y parvenir: démarches politiques, légalisme, militantisme voire actions violentes… Cela peut faire l’objet d’une autre discussion.
S’il est impossible d’effacer le sentiment antisémite, nous devons empêcher son expression et ses conséquences. Cela passe selon moi par un changement radical des sociétés dans lesquels nous vivons.
Je pense aussi que la victoire contre l’antisémitisme profitera à d’autres peuples et communautés. D’ailleurs, comment envisager que les juifs tolèrent, après tant d’années de souffrance, que des individus avec lesquels ils cohabitent, puissent être comme eux à l’époque victimes de brimades.