La norme et la créativité : l’exemple du nageur et architecte juif, Alfred Hajos
La créativité est une qualité indispensable dans les réalisations artistiques. Elle est aussi utile dans l’exercice de certaines professions.
Elle est souvent liée à l’inspiration. Pour avoir de nouvelles idées, créer, il faut développer son imagination.
Beaucoup ne se sentent pas capables de cela et préfèrent se cantonner à des activités plus normatives, plus cadrées, plus formelles.
Pourtant, c’est parfois la norme qui permet l’expression de la créativité. Non seulement elle l’encadre, lui fixe des limites mais elle peut aussi la susciter. En effet, en définissant des objectifs clairs et concrets, elle oblige celui qui doit les atteindre à utiliser des moyens ou des méthodes qui lui sont propres. C’est donc la nécessité de réaliser un objectif précis qui libère paradoxalement l’imagination et la créativité.
Prenons l’exemple du nageur juif hongrois, Alfred Hajos.
Après avoir réalisé de nombreux exploits sportifs à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, il décide de se stabiliser, se marie et se reconvertit dans l’architecture.
Quand il s’entrainait pour des compétitions internationales, il analysait les mouvements, décortiquait les gestes, calculait les distances. Il avait une approche quasi-scientifique de la préparation technique et physique.
Dans son nouveau métier, il procède de la même façon tout en développant de nouvelles compétences. Il affine son sens artistique, exploite la géométrie comme une nécessité pour son art. Il crée des espaces, les agence, les transforme.
Mais à la différence de la natation, il travaille dorénavant pour ses clients. Ceux-ci effectuent des commandes très précises. Ce sont eux qui lui fixent des objectifs concrets.
Pour les satisfaire, il doit respecter un cahier des charges mais reste libre des moyens pour la réalisation finale. Il fait alors appel à son imagination et à sa créativité.
Le respect de la norme conditionne donc sa réussite professionnelle. Mais en même temps, elle offre des repères à cet homme qui a tendance à se laisser déborder par son imagination.
En 1924, à Paris, il remporte une nouvelle médaille d’or, non plus dans une discipline sportive, mais pour la réalisation d’un bâtiment sportif. Son plus grand succès d’architecture est certainement la réalisation du complexe de natation de l’île Marguerite, sur le Danube, le National Sports Hall, où de grandes compétitions internationales auront lieu.