LA SOUMISSION APPARENTE: UN MOYEN DE DÉFENSE REDOUTABLE MIS AU POINT DANS LES CAMPS DE CONCENTRATION

La soumission apparente s’avère parfois le meilleur moyen de défense. C’est le cas lorsque l’agresseur est vraiment trop fort: plus costaud, armé, dément, ou autrement capable de nous faire un grand tort.
Dans son livre «Le coeur conscient», le psychologue Bruno Bettleheim illustre bien cette réalité. Au cours de son expérience dans les camps nazis, il a identifié trois réactions typiques chez les concentrationnaires. Le premier affrontait l’ennemi en se révoltant ou en lui résistant. Il le payait rapidement de sa vie. Le deuxième se soumettait complètement. Celui-là finissait par perdre la raison. Enfin le troisième faisait le choix délibéré de se plier aux volontés de l’agresseur dans le but de sauver sa peau. Il agissait de façon soumise sans être d’accord avec ce qu’on lui imposait. C’est ce groupe qui s’en sortait le mieux.
Selon Bettleheim, c’est le fait de faire délibérément ce choix qui lui permettait d’éviter la destruction physique autant que psychique. C’est la décision de conserver le maximum de contrôle sur sa vie qui est responsable de ce résultat. En d’autres termes le choix de ne pas se «laisser-faire». Même s’il s’agissait d’un choix intérieur auquel l’agresseur n’avait aucunement accès, l’effet conservait toute sa puissance.


Michel Larivey psychologue.