Les juifs et le Maccarthysme
Joseph McCarthy et son avocat Roy Cohn
Qu’est ce que le Maccarthysme?
Le Maccarthysme (ou Maccarthisme) désigne la politique anti-communiste mise en place aux Etats-Unis par le sénateur républicain Joseph McCarthy au début des années 1950. Il a été couramment nommé « chasse aux sorcières » ou « Frayeur Rouge » (Red Scare).
Après la Seconde Guerre mondiale, dans une atmosphère de paranoïa anti-communiste, une campagne politique et idéologique est lancée pour dénoncer les « agents communistes » infiltrés dans le pouvoir fédéral. Puis elle s’étend à toutes les formes de « subversions » politiques (communisme ou autres) et à tous les domaines de la vie (homosexualité par exemple). Une politique inquisitoriale est conduite par des commissions parlementaires dont la HUAC (House Un-American Activities Committee), dès 1938. Des fichiers sont instaurés et les citoyens sont encouragés à dénoncer les suspects qu’ils soient agents, militants ou sympathisants.
Entre 1947 et 1953, il y eut 26 000 enquêtes approfondies sur des employés de l’administration fédérale, conduisant à 7 000 démissions et 739 révocations, au motif d’appartenance à des organisations dites subversives, d’immoralité sexuelle, de pratique homosexuelle ou de consommation de drogues.
Le simple fait d’être suspecté ou cité à comparaître suffisait souvent pour perdre son emploi ou pour briser une carrière. De nombreuses personnalités ont été emprisonnées ou ont dû s’exiler comme Charlie Chaplin, Berthold Brecht ou Jules Dassin.
A cause de ses excès et discrédité par ses attaques contre l’armée, McCarthy finit par perdre le soutien des médias, de l’opinion et de ses collègues parlementaires. Il reçoit un blâme du congrès le 2 décembre 1954 et est écarté définitivement de la politique. Joseph McCarthy sombre alors dans l’alcoolisme et décède dans l’indifférence générale en 1957.
Quelle était la position du Maccarthysme vis à vis des juifs?
Les différentes archives ne révèlent pas de sentiment antisémite chez McCarthy.
En revanche la doctrine maccarthyste était violemment anti-communiste. Mais si de nombreux juifs ont été inquiétés par les enquêtes, c’est parce qu’ils étaient communistes. Bien sûr l’antisémitisme existait dans certains milieux conservateurs soutenant McCarthy et opérant un amalgame entre juifs et communistes. Il était donc logique que les juifs communistes soit fortement opposés au Maccarthysme. Notons que certains liaient leur combat idéologique et leur identité juive, ce qui pouvait susciter chez eux une suspicion d’antisémitisme chez McCarthy.
Toutefois, il n’y avait pas d’opposition frontale doctrinaire entre Maccarthysme et Judaïsme, comparable à l’antisémitisme qui caractérisait le fascisme et le nazisme.
En outre, un courant à la fois hostile au Maccarthysme et au communisme était animé par des organisations juives qui s’opposaient aux deux idéologies. Ceci est détaillé dans le livre d’Aviva Weingarten; « Jewish Organizations’ Response to Communism and to Senator McCarthy ».
Enfin, quelques personnalités juives notables étaient associées au sénateur McCarthy et menèrent des actions dans ce sens. Il est difficile de savoir si cette alliance était sincère et désintéressé, ou si Mac Carthy s’était attaché les services de juifs afin de prouver qu’il n’était pas antisémite.
Le livre d’Aviva Weingarten
Qui étaient ces juifs qui soutenaient McCarthy?
Roy Cohn (20 février 1927 – 2 août 1986):
Né dans une famille juive pratiquante dans le Bronx, à New-York, Cohn était le fils unique de Dora (née Marcus, 1892-1967) et du juge Albert C. Cohn (1885-1959), membre influent du Parti démocratique.
Roy Marcus Cohn était un avocat américain. Au cours des enquêtes du sénateur Joseph McCarthy sur l’activité communiste aux États-Unis, Cohn fut le principal avocat de McCarthy et a gagné une importance particulière lors des audiences de McCarthy visant l’armée américaine .
Il était également connu pour être un procureur du ministère américain de la Justice lors du procès jugeant l’espionnage de Julius et Ethel Rosenberg. Plus tard il sera l’avocat de Donald Trump quand celui-ci débutera sa carrière professionnelle.
Roy Cohn avec son client: un certain Donald Trump…
G. David Schine (11 septembre 1927 – 19 juin 1996) :
Gérard David Schine, est né à Gloversville, à New York, de parents juifs. Son père, Junius Myer Schine était un magnat de l’hôtellerie. David Schine hérita d’une grande fortune issue de la chaîne hôtelière et devint un personnage central dans les audiences de l’armée américaine, menées par Mac Carthy en 1954. Il occupait alors la fonction de consultant en chef du sous-comité permanent des enquêtes du Sénat .
David Schine (à gauche) avec le sénateur McCarthy (à droite)
George Sokolsky (1893-1962) :
George Ephraim Sokolsky était un animateur radio hebdomadaire pour l’Association nationale des fabricants et un chroniqueur pour The New York Herald Tribune. Il a ensuite travaillé pour The New York Sun et d’autres journaux de Hearst .
Fils d’un rabbin émigré russe, Sokolsky est né à Utica, dans l’état de New-York. Il est diplômé de la Columbia School of Journalism.
Sokolsky est devenu partisan du sénateur Joseph McCarthy, intime de J. Edgar Hoover, et proche de Roy Cohn . Sokolsky a dénoncé, dans sa colonne de journal Hearst, une tribune à charge contre McCarthy, publiée le 9 mars 1954 par Fred W. Friendly et Edward R. Murrow. Plus tard dans l’année, Time Magazine qualifiera Sokolsky de « grand prêtre du militantisme anti-communisme américain»
Alfred Kohlberg (27 janvier 1887 – 7 avril 1960 ) :
Alfred Kohlberg, né à San Francisco était un entrepreneur et un promoteur juif américain d’organisations et de publications anticommunistes, qui ont nié le rôle central du soutien juif au mouvement bolchevik naissant. Il était le chef du « lobby chinois » et un proche allié du sénateur républicain Joseph McCarthy. Il a été le mentor de Robert W. Welch Jr. et le directeur fondateur de la John Birch Society. Il était le président de la Ligue juive américaine contre le communisme.
Alfred Kohlberg photographié à côté d’une affiche de soutien à Joseph McCarthy
Sources:
– Occidental Observer
– Wikipédia
– La Toupie
– Jewish Current