À quel judaïsme, les juifs peuvent-ils s’identifier?

« Il faut fournir à chaque homme juif un judaïsme qui soit de son temps et qui satisfasse son besoin d’être juif. »


 
Paul Giniewski, dans son ouvrage « Le néo-judaïsme » pense que la régénération du judaïsme est une condition indispensable pour les juifs puissent s’y identifier.


Extrait : C’est une banalité de constater que les fleuves n’ont pas de source; ou plus exactement qu’ils ont pour source les sources de tous les affluents et que la remontée de la source juive du fleuve est aussi arbitraire que la remontée de tel affluent d’un grand fleuve plutôt que de tel autre.


Si j’entreprends néanmoins de remonter un affluent et de dériver ses eaux en un canal nouveau, c’est que je crois au besoin qu’a la génération actuelle des Juifs, lancée avec tous les hommes dans une aventure commune et fraternelle, de se plonger par une sorte de baptême spécial dans ces eaux juives dont elle ignore les vertus. Il lui faut à tout prix redécouvrir ce que le judaïsme peut lui donner d’adéquat à tous ses besoins contemporains. Chaque homme normal éprouve la nécessité d’être de son époque, d’être contemporain de sa civilisation, d’entretenir avec elle des échanges de symbiose normaux, satisfaisants, parfaits si c’est possible, comme l’embryon qui baigne dans le suc nourricier de sa mère et qui est encore sa mère, et pour qui l’inévitable naissance est la première rupture déchirante. L’homme ne veut pas revivre sans cesse cette rupture-là : inconsciemment, consciemment parfois, il fait de grands efforts pour rester ce qu’il est.


Et ce que chaque homme normal éprouve vis-à-vis de sa civilisation, chaque Juif normal l’éprouve vis-à-vis de la civilisation juive. Il faut par conséquent fournir à chaque homme juif un judaïsme qui soit de son temps et qui satisfasse son besoin d’être juif. Autrement, l’homme juif ne s’acceptera pas lui-même tout entier, tripes et tête et Juif à la fois, ou ne s’acceptera qu’au prix d’un effort démesuré d’adaptation : il finirait par haïr le Juif en lui.


Je crois que la déjudaïsation dont nous sommes les témoins n’a pas d’autre cause. De nombreux Juifs rejettent une partie d’eux-mêmes parce qu’ils ne reconnaissent pas, sur le visage de la civilisation juive contemporaine, les traits entièrement rassurants d’une familiarité adéquate à tous leurs besoins d’hommes de leur temps. Je crois qu’un ressourcement du judaïsme et sa refonte rendront à ceux d’entre nous qui s’y sentent à l’étroit la santé psychique. Je crois par conséquent que ce ressourcement est indispensable…