Eva Szekely, le sport plus fort que la guerre

Eva Szekely est une championne de natation juive hongroise. Son parcours pendant la seconde guerre mondiale est édifiant.

En 1939, elle n’a que douze ans. La guerre éclate mais cet événement dramatique n’a pas de sens pour Eva.
Elle est entièrement dévouée à son sport et à ses entrainements. Le reste ne compte pas.
Son entraineur, Sarosi, considéré par ses pairs comme le meilleur (surnommé le Maître), inculque à Eva un enseignement extrêmement difficile dans lequel force et résistance sont les maitres mots. 

Eva s’entraine quotidiennement dans des conditions d’une dureté peu concevable. Souvent, elle nage en plein hiver sous une température inférieure à zéro. Ceci oblige Sarosi à adopter une nouvelle méthode qui permette à Eva d’effectuer un virage sans toucher les barres glacées mais en touchant le mur de la piscine.
Au vu des performances d’Eva et de sa résistance à une fatigue extrême, Sarosi est convaincu que son élève deviendra un jour championne olympique.

Elle participe en 1941 à un gala de représentation où elle doit faire une démonstration sur 100 mètres brasse avec d’autres concurrentes.
Eva veut faire ses preuves et est très motivée car elle désire impressionner la bonne société hongroise. Pourtant elle va vite déchanter : un décret récent interdit aux nageurs juifs toute compétition.
Comme le décret n’est pas encore en vigueur, elle peut tout de même concourir. 
Sa colère va décupler ses forces : elle nage tellement vite qu’elle bat le record national de Hongrie du 100 mètres brasse.Hélas, le décret devient officiel et Eva, à l’instar des autres athlètes juifs, n’a plus le droit de participer à des compétitions ou de fréquenter les piscines.

En 1944, les nazis envahissent la Hongrie. Les brimades, les interdictions et les humiliation s’accentuent pour les Juifs. Eva est envoyée dans un camp de travail. Refusant de se laisser abattre, elle met à profit cette incarcération pour s’entraîner durement. Les travaux physiques imposés lui permettent de développer ses muscles. Elle les utilise pour se préparer aux futurs jeux olympiques.
Pourtant, elle doit être transférée à l’usine d’Obuda, ultime étape avant les chambres à gaz.

Eva parvient en s’échapper en sautant dans un tramway. Elle dira qu’elle a cru entendre l’hymne national hongrois. C’est ce chant patriotique qui l’a galvanisée et lui a donné la force de s’échapper.  
Cet acte d’héroïsme était aussi un moment de folie car elle aurait pu être fusillée. Finalement, grâce à l’aide d’une femme, elle se réfugie dans un immeuble appartenant à des suisses engagés pour la liberté.

Elle s’y cache avec d’autres personnes, dont ses parents et sa soeur.  
Malgré le danger et la peur ambiants, Eva garde un seul objectif en tête : devenir championne olympique. C’est cette focalisation sur son avenir sportif qui lui permet d’occulter les horreurs de la guerre.
Alors elle s’entraîne encore plus intensivement : elle monte les escaliers de cet immeuble de cinq étages jusqu’à cent fois par jour. Et ce pendant un an. Elle essaie d’acquérir les valeurs transmises par son ancien maitre, Sarosi : « Force et résistance ».

La guerre est terminée. Eva est sauve, ce qui n’est pas une fin en soi, mais un autre combat l’attend. La consécration olympique.

 

Source : LES CHAMPIONS JUIFS DANS L’HISTOIRE
PHILIPPE ASSOULEN

 

Le parcours d’Eva Szekely est une leçon de vie… et de survie.
Malgré le contexte dramatique de la guerre, elle a décidé de ne pas laisser dépasser par les événements.

D’une certaine façon, elle a mis la guerre « entre parenthèses ». Elle ne l’a pas considérée comme un événement majeur de sa vie. Juste une situation qui a modifié ses conditions d’entraînement, les a rendues beaucoup plus difficiles mais en même temps beaucoup plus efficaces.

Durant cette période, elle est restée focalisée sur son objectif ultime : « devenir championne olympique ».
Ce comportement relève clairement de la foi, même si dans ce cas, ce n’est pas la foi en Dieu mais en un accomplissement personnel.

Il est également intéressant de revenir sur les conditions de son évasion qui lui a permis de survivre.
C’est en entendant l’hymne national hongrois, qu’elle a trouvé la force et le courage d’accomplir cet acte héroïque. Là encore, on peut y voir une dimension quasi-mystique.
Mais Eva ne s’est pas tournée vers Dieu et n’a pas non plus puisé cette énergie dans les valeurs du judaïsme. C’est son patriotisme et l’amour de son pays qui l’ont transcendée.

Cette histoire doit aussi rappeler que les Juifs européens malgré les persécutions qu’ils ont subies, étaient souvent des ultra-patriotes dans leurs pays d’adoption.
Dans le bon sens du terme…

 

Index - Sport - Az eredményeimért megbocsátották szüleimet

                                                  Eva Szekely