Haine et romantisme.

La haine peut elle être romantique?
Si l’amour est romantique, pourquoi son pendant; la haine ne le serait-elle pas ?
Mais que signifie alors « haine romantique »?
C’est prendre du plaisir à faire souffrir l’autre, à le détruire, à le tuer…
Et donner à ces comportements, une valeur, un sens, une mission…
Se sentir héroïque en faisant du mal. C’est immoral mais certains bourreaux se prennent vraiment pour des héros.
Comme les extrémistes politiques et religieux. En détruisant, ils espèrent changer le monde. En opprimant, ils croient œuvrer pour la justice.
Leur conception brouille la frontière entre le bien et le mal.

La haine « romantique » s’exprime aussi dans les actes individuels.
La vengeance en est un exemple.
Quand on se venge de quelqu’un, on pense faire le bien même si l’acte est motivé par la haine. Mais dans ce cas, la haine est justifiable à nos yeux, et par conséquent le mal infligé devient légitime. Comme les extrémistes, nous croyons remplir une mission. Pour venger des proches par exemple. Quand la vengeance est personnelle, elle ne procure qu’une petite satisfaction. En revanche, venger autrui peut prendre une dimension romantique. Car c’est l’amour de l’autre qui nous conduit à punir ceux qui lui ont fait du mal.
De plus, l’acte haineux suscite la reconnaissance des autres, par l’amour ou la détestation. Or le romantisme est intimement lié à la reconnaissance. L’acte romantique n’est pas désintéressé. Il s’agit de faire connaître sa vision de la société, ses idées, ses sentiments…

Dans la vie de tous les jours, hormis ces cas extrêmes, la haine n’a rien de romantique. Car les effets qu’elle produit sont limités. La plupart d’entre nous n’avons pas les moyens de lui donner un sens et de la sublimer pour accomplir de grandes choses. Alors la haine se manifeste par la mesquinerie, les nuisances, le mépris de l’autre…
Elle participe ainsi à la dévalorisation de soi.

Alors comment agir positivement quand on ressent de la haine?
Peut-être en essayant de transformer cette haine en colère, de canaliser nos pulsions destructives… pour mener un vrai combat. Pour la justice, pour la paix, pour le bonheur de ses proches…
Être dans l’action plutôt que dans la rumination.
Être dans la création plutôt que la destruction ou l’autodestruction.
Mais arrêtons d’écouter ceux qui nous disent qu’il ne faut pas être haineux. Car son refoulement finira par se retourner contre nous.
Saisissons-nous de ce sentiment, apprivoisons-le… et agissons pour nous épanouir sans nuire aux autres…