La relative unité des juifs en France ne doit pas faire oublier les disparités économiques au sein de la communauté.
Je n’irai pas jusqu’à parler d’une guerre des classes au sein de la communauté juive bien que certains adhèrent à la grille de lecture marxiste qu’ils pensent pouvoir appliquer à la spécificité juive.
Mais soyons lucides. Il y a en France des juifs aisés et des juifs de condition modeste. Jusque là, ce n’est pas un problème. Les riches ne sont pas forcément des nantis. Beaucoup ont mérité leur réussite sociale.
En revanche, c’est sur la question de l’antisémitisme, que surgit une inégalité beaucoup plus grave.
Prenons le seul exemple de Paris
Les juifs les plus fortunés sont installés dans les quartiers bourgeois de la capitale. Parmi les juifs des quartiers populaires qui s’en sortent le mieux économiquement, beaucoup ont quitté des villes comme Sarcelles pour le 17ème ou Neuilly. Dans ces zones, ils sont (pour l’instant) à l’abri de l’antisémitisme.
Mais qu’advient-il des juifs les moins favorisés? Ils sont contraints de rester dans leurs banlieues où ils sont au prise avec un antisémitisme délinquant provenant des cités sensibles. Certains font le choix de partir en Israël où la vie est difficile pour des gens qui ont de faibles ressources. Une fois sur place, ils s’installent dans des quartiers populaires et sont parfois confrontés, en plus de la précarité, à une délinquance qu’ils ont fuie en France. Certes, l’antisémitisme n’y existe pas.
Que se passerait-il si la situation venait à dégénérer pour les juifs de France? (dans le cas par exemple de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National; danger non exclusif mais bien réel).
Il y a des fortes chances pour que les juifs qui en ont les moyens quittent la France pour des terres moins hostiles: par exemple, les Etats Unis ou le Canada, même si tout n’est pas rose là-bas.
Les juifs de condition modeste se retrouveraient alors isolés et à la merci des antisémites.
Ce scénario dont on espère qu’il ne se réalisera pas doit aussi nous interroger sur les représentants « officiels » et défenseurs auto-proclamés de la communauté juive. Il ne faut pas se leurrer. La majorité des cadres du CRIF, du Consistoire, de la LICRA et consorts sont des gens très bien insérés dans la société qui ont les capacités financières de quitter la France si le contexte devenait intenable.
Il n’est pas étonnant qu’ils continuent à croire aux « valeurs de la république », à la laïcité, au respect de l’état de droit.
En somme, à tout ce qui ne parvient plus à protéger les juifs de l’antisémitisme aujourd’hui.
Ne nous y trompons pas, l’enjeu n’est pas le même pour eux. Il serait injuste de dire qu’ils ne se soucient pas du sort de leurs coreligionnaires les plus en difficulté.
Mais s’ils ne peuvent pas concevoir le pire, ils pourront le fuir en temps voulu.
Les juifs qui n’ont pas cette chance doivent déjà réfléchir à une autre alternative…