Les Juifs de Hong Kong

Hong Kong est, avec Macao, l’une des deux régions administratives spéciales de la République Populaire de Chine. Colonie britannique depuis le traité de Nankin en 1842, elle a été rétrocédée à la Chine, 155 ans plus tard, en 1997. Ville la plus riche de Chine, centre mondial du trading et du négoce, l’île de Hong Kong compte sept millions d’habitants.

 

 

Une communauté juive s’y est installée avec la colonisation anglaise prenant rapidement part, de façon active, à la marche de la ville. On en prendra pour preuve la nomination par le roi Edouard VII, en 1904. d’un Juif, Matthew Nathan (photo) comme gouverneur de Hong Kong. Jusqu’à ce jour, un axe principal de la ville porte le nom de « Nathan Road ».

La colonie britannique a enregistré au fil des ans, plusieurs vagues d’immigration. Tout d’abord avec les Juifs originaires de Bagdad, en Irak. Parmi eux, de riches familles, les Kadoorie et les Sassoon, qui seront des mécènes éclairés. C’est ainsi qu’en 1901, les Sassoon participèrent à l’édification de la synagogue Ohel Léah (photo) tandis que les Kadoorie finançaient le Jewish Club. C’est grâce à ces derniers que l’électricité fut introduite sur l’île et que le tunnel qui relie Kowloon à l’île Victoria fut creusé. En 1984, Lawrence Kadoorie a été anobli et fait pair d’Angleterre. Il a longtemps présidé aux destinées de la communauté juive. Pour l’anecdote, on notera que de juin 1951 à février 1956, l’attaché militaire français du territoire fut un Juif originaire de Tunisie, David Galula.

La deuxième vague est venue d’URSS. Fuyant la Révolution de 1917 via Shanghai, des Juifs russes se sont installés à Hong Kong. Lors de la Seconde Guerre mondiale, des Juifs d’Allemagne, fuyant le nazisme, ont trouvé refuge dans la colonie britannique. Enfin, bon nombre de Juifs ont quitté la Chine Populaire pour Hong Kong dans les années 1950.

À l’instar de la population européenne de l’île, la composante juive de Hong Kong est extrêmement volatile. Pour une bonne partie de la population juive, Hong Kong n’est qu’un lieu de résidence temporaire. Les Juifs, qui sont souvent avocats, attachés commerciaux, employés d’ambassades, banquiers, font parfois des allers-retours vers leurs pays d’origine. En 2000. ils étaient répartis sur plus de 25 nationalités différentes.

À la fin des années 1970, on comptait 100 familles juives à Hong Kong. En 1990. elles étaient 250.

On avait pu penser qu’avec la rétrocession de l’île à la Chine, les Juifs quitteraient Hong Kong. Mais, malgré le départ, pour des raisons personnelles du rabbin américain Shmuel Lopin, il n’en n’a rien été.

En 2004, quelque 4000 Juifs étaient recensés dans le territoire. On y trouve cinq synagogues parmi lesquelles la synagogue « Ohel Léah », citée plus haut, qui porte le prénom de la mère du mécène
Jacob Sassoon, « Shuva Israël », une synagogue loubavitch et « Echal Ezra », synagogue séfarade, située à Kowloon, fondée par des Juifs américains d’origine syrienne. Le cimetière local porte le nom de « Happy Valley ».

Depuis le départ des Anglais de Hong Kong, une seule chose a changé pour les Juifs : à la synagogue, le texte de la prière pour la mère patrie a été modifié. Il n’y a plus de prière pour la reine, mais comme « Dina de malkhouta dina », « La loi du pays où l’on vit est la loi », on prononce depuis 1997, à la fin de l’office du chabbat la prière pour « les dirigeants du gouvernement chinois ». En 2018. le mouvement Habad est très actif à Hong Kong où vivent toujours plusieurs milliers de Juifs.

 

ohel léah

 

Jean-Pierre Allali

 

Article du magazine des communautés juives TRIBU 12
Source et article original: http://www.tribu12.fr/les-juifs-de-hong-kong/