Au pays de émirs. Les Juifs du Koweït
Situé sur le golfe Persique, au nord de la péninsule Arabique, avec pour voisins l’Arabie Saoudite et l’Irak, l’Émirat du Koweït, fondé en 1715 par la famille Al-Sabah, s’est affranchi de la tutelle britannique et a proclamé son indépendance le 19 juin 1961. Une indépendance que l’Irak n’a pas voulu reconnaître, ce qui entraînera, en août 1990, l’annexion du pays par Saddam Hussein et la guerre du Golfe dont les effets se font toujours ressentir sur la région et sur le monde.
Le Koweït, capitale Kuwait-City, 18 000 km2 a une population de 4 millions d’habitants dont seulement 1,3 millions de nationaux qui est probablement un cas unique. Il peut paraître invraisemblable de parler de Juifs du Koweït d’autant plus qu’une loi de 1981 a limité la citoyenneté aux seuls Musulmans.
Et il ne s’agit pas de parler des militaires américains, quelque 20 000, qui stationnent toujours dans l’Émirat et dont on peut penser qu’un certain nombre soient juifs.
Nous voulons parler de Juifs locaux, de Koweïtiens.
C’est la revue Kountrass (1) qui a soulevé le lièvre en 1990 en racontant que peu avant l’invasion irakienne, quatre familles juives vivaient encore au Koweït.
C’est en 1840 que des commerçants juifs venus d’Irak ont choisi de s’installer au Koweït. Deux synagogues et un bain rituel, un mikvé, furent érigés au fil des ans. Au début du vingtième siècle, la petite communauté avait à sa tête un rabbin. Chaoul Avraham. Aussi étonnant que cela puisse paraître l’une des spécialités des Juifs du Koweït était la fabrication du vin. Une anecdote raconte que lorsque du pétrole fut découvert dans le pays alors sous autorité britannique, l’émir, craignant de voir les Anglais mettre la main sur cette richesse souterraine, prit conseil auprès d’un ami juif. Ce dernier proposa d’ériger sur le site un marché juif. Ce qui fut fait et permit de camoufler, pendant des décennies, le précieux trésor qui échappera ainsi à la convoitise anglaise supposée.
En 1995, un jeune Koweïtien, Mark Mordehaï Halawa, raconta sur la toile comment il avait redécouvert la judéité de sa grand-mère maternelle, Rowaida Mizrahi, qui s’était convertie à l’islam pour épouser son grand-père, Mohamed Al-Masri. Depuis. il s’est rapproché du judaïsme au point de devenir pratiquant et d’intégrer une yechiva (2). La chaîne israélienne de télévision « Aroutz 2 » a relayé l’information dans un magazine télévisé.
De petits signes prometteurs sont ainsi relevés au fil des ans qui montrent qu’un rapprochement entre le Koweït et les Juifs d’une part et Israël, d’autre part, est possible.
Ainsi, dans un article publié en 2014 dans le quotidien Al-Ral, le journaliste Koweïtien Nasser Bader Al-Eidan n’hésitait pas à écrire que « les Juifs qui sont arrivés dans ce pays à la fin du 18ème siècle ont grandement contribué à son économie et à sa culture, et entretenaient même des liens étroits avec certains dirigeants koweïtiens ».
Comme en écho, dans une tribune publiée le 24 novembre 2015, dans le Kuwait Times, un autre journaliste, Salch Al Shayeji écrivait, dans son éditorial : « Israël n’est pas notre ennemi » (3).
Une ombre au tableau, cette affaire qui date de février 2015 : une passagère qui s’apprêtait à rejoindre Londres au départ de New York JFK sur un vol de la Koweït Airlines a été refoulée au motif qu’elle disposait d’un passeport israélien.
Juifs du Koweït. Le Koweït et les Juifs. Israël et le Koweït. Quel avenir à l’horizon 2020 ? Wait and See !
Jean-Pierre Allali
(1) Kouturass n°24. Septembre-Octobre /990.
(2) Aish fr « Le Juif du Koweït ».
(3) Actualité Juive du 24 décembre 2015.
Article du magazine des communautés juives TRIBU 12
Source et article original:https://www.tribu12.fr/au-pays-des-emirs-les-juifs-du-koweit/