La valeur morale des chiffres dans le judaïsme

Selon Jacky Milewski, dans son ouvrage « Judaïsme et Mathématiques », les chiffres auraient un sens et une valeur morale.
Le Rav Chemouel de Sokhatchov a expliqué que Dieu a regardé dans la Torah pour créer le monde et que la Torah n’a pas été adaptée au monde mais que le monde a été adapté à la Torah. Ainsi la Torah n’interdit pas le vol parce que les hommes sont susceptibles de voler mais c’est parce que la Torah a interdit le vol que le monde a été créé de sorte que le vol soit possible. De même pour les chiffres : le 1 a été créé parce que Dieu est Unique, le 2 a été créé parce que les Tables de la Loi étaient doubles, le 3 a été créé parce que les patriarches étaient 3, le 4 a été créé parce que les matriarches étaient 4 et ainsi de suite. Le Maître ajoute : si ces éléments référentiels n’existaient pas, le monde aurait été créé de sorte que le chiffre qui leur corresponde n’existe pas. Et il conclut : « il existe certainement un sens pour chaque nombre qui existe ». Autrement dit, les chiffres n’existent pour que pour la valeur morale qu’ils véhiculent.

 

Suivant la même logique, la façon talmudique de compter correspond à des critères moraux. Par exemple, selon la tradition rabbinique, nous sommes actuellement en l’an 5779 de la création. Or, non seulement la science mais de nombreux textes rabbiniques, analysés et expliqués par le regretté Professeur Jack Goldberg, affirment que le monde a 17 milliards d’années. C’est que les Sages comptent les années à partir de la création d’Adam qui se produisit il y a 5779 ans. C’est l’homme adamique, l’homme qui nous ressemble, doté d’une conscience morale, qui donne sens à la création. Ce n’est pas l’humain possédant une certaine maîtrise technologique ou un esprit porté vers l’esthétique ou même vers le sacré par ses rites avec les morts, qui constitue pour la tradition juive le commencement de l’histoire humaine en tant que telle mais bien l’histoire de la conscience morale.