Le Japon gagne la guerre contre la Russie… grâce à un banquier juif
Extrait du livre « Histoire inconnue des Juifs et des Japonais pendant la seconde guerre mondiale ».
En entrant dans le XXème siècle, « moderne », sûr de lui, égal à n’importe laquelle des grandes puissances occidentales, il jugea qu’une conquête militaire viendrait à ce point parfaire son image de marque. Son choix se porta sur cette menace perpétuelle que représentait, au nord de sa frontière, sa vieille ennemie la Russie.
Le Japon espérait ainsi s’emparer des vastes et désertiques possessions du Tsar qui formaient, au nord-est, la Mandchourie. Il savait devoir y trouver les importantes matières premières indispensables à de futures grandes industries, et dans un avenir plus immédiat, la considération des grandes puissances du globe. En février 1904, dans une véritable explosion de ferveur nationale, le Japon entrait en guerre.
L’entreprise s’avéra vite au-dessus de ses forces : la Russie était un pays immense, doué d’une armée énorme et de ressources financières pratiquement illimitées. En avril le vice-gouverneur de la banque du Japon, le baron Korekijo Takahashi, se trouvait à Londres, où il essayait en vain d’emprunter de l’argent sur le marché international ; démarche dérisoire et humiliante, qui lui avait rapporté la moitié du strict minimum dont avait besoin son pays pour continuer la guerre.
Alors qu’il était sur le point de rentrer au Japon, Korekijo Takahashi se rendit un soir à un grand dîner chez un ami banquier et au dessert, raconta ses déceptions à l’inconnu assis à côté de lui. Le Japon sera vaincu, dit-il d’un ton amer, et le Tsar Nicolas II verra sa couronne impériale alourdie d’un nouveau succès… Son compagnon de table, un certain Jacob Schiff, semblait beaucoup plus intéressé que ne l’exigeait la stricte courtoisie : lui aussi détestait le Tsar, personnellement responsable du récent pogrom contre les Juifs de Kishinev en Russie.
Ainsi alla la conversation entre les deux hommes, jusqu’à l’heure du café et du brandy qui les sépara ; en rentrant à son hôtel, le Japonais avait déjà oublié le Juif.
Le lendemain matin, Takahashi fut réveillé à l’aube par son secrétaire : un monsieur Schiff voulait le voir d’urgence pour discuter d’un prêt de cinq millions de livres… « Qui est ce Schiff ? », demanda la Japonais abasourdi.
_ « Un associé de la banque américaine d’investissement de Kuhn-Loeb, une haute personnalité du marché monétaire mondial et du capital international. C’est aussi un Juif. »
Intrigué, Takahashi eut aussitôt avec Jacob Schiff un entretien qui devait être le début d’une profonde et longue amitié en même temps que de relations professionnelles de grande envergure.
Dans les mois suivants, l’homme d’affaire juif arrangea les quatre nouveaux prêts internationaux qui devaient permettre au Japon de continuer la guerre puis de demander la paix à ses conditions. En échange, il fut là-bas considéré comme un héros : les journaux, les livres d’histoire lui consacrèrent des pages entières, l’empereur Meiji l’invita, lui, roturier, à dîner au palais impérial. C’était là un fait sans précédent ; mais sans Schiff il n’y aurait pas eu de victoires sur les Russes, pas de nouveaux territoires, pas de ressources nouvelles, et pas non plus ce prestige dont était désormais paré le Japon aux yeux du monde entier. Aucun honneur n’était de trop pour le responsable d’aussi grands bienfaits…
Les Japonais apprirent aussi très vite que les deux cents millions de dollars empruntés par la banquier américain pour leur venir en aide n’étaient pas tous dus aux Etats-Unis : en Juif, il avait frappé à des portes juives qui s’étaient naturellement ouvertes, et pour le Japon entier, ce terme devint synonyme d’argent et de contrôle monétaire.
Commentaire :
Alors que les Japonais étaient jusqu’à présent relativement indifférents aux Juifs qu’ils considéraient comme des « occidentaux comme les autres », cette collaboration avec Jacob Schiff, décisive dans leur victoire contre les Russes, leur a donné une image positive de ce peuple.
Mais paradoxalement, elle fit naitre chez les japonais, initialement épargnés par les préjugés antisémites qui avaient cours en Occident, l’idée que les Juifs avaient grâce à l’argent un pouvoir considérable capable de changer le sort du monde.
Hélas, quelques années plus tard, en 1919, les soldats japonais envoyés en Sibérie pour combattre les communistes aux côté des Russes blancs, découvrirent à leur contact, l’ouvrage violemment antisémite ; « les Protocoles des Sages de Sion ». Ils se firent alors une idée plus déplaisante des Juifs, accusés de vouloir dominer la planète grâce à des pouvoirs quasi-surnaturels.
Pourtant, malgré ces préjugés naissants, les Japonais n’ont jamais basculé totalement dans l’antisémitisme le plus vil, même au plus fort de la collaboration avec l’Allemagne nazie. Ils ont gardé un esprit critique et ont beaucoup enquêté pour découvrir que les poncifs visant les Juifs n’étaient pas fondés.