Mise au point sur la définition du sionisme

Cet article a pour objectif de faire pour une mise au point sur la définition du sionisme, terme souvent mal utilisé et instrumentalisé par ses détracteurs.

Quelle est la définition du sionisme ?

C’est un mouvement dont l’objet fut la constitution d’un État juif en Palestine. Il a été initié par des intellectuels juifs européens qui pensaient que seule la création d’un foyer national pour les juifs pouvait mettre un terme aux nombreuses persécutions que leur peuple a subies les à travers les siècles.
Cette pensée s’est concrétisée par la création de l’état d’Israël en 1948.

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Mais, aujourd’hui qu’en est-il du sionisme, 70 ans après la création d’Israël ? D’ailleurs peut-on encore parler de sionisme ? Le terme post-sionisme n’est-il pas plus adapté ?
Si on pense que le sionisme est encore d’actualité, nous devons donner une définition cohérente en phase avec le contexte actuel.
Le sionisme ne peut logiquement plus viser à la création d’un État qui existe depuis déjà 70 ans.
Il est aujourd’hui un courant de pensée qui prône le retour des juifs de la Diaspora en terre d’Israël.
Être pro-israélien ne signifie pas obligatoirement être sioniste. Le soutien à  Israël  n’implique pas d’y vivre ou de militer pour que les juifs s’y installent .
Les sionistes sont aujourd’hui des juifs qui sont partis vivre en Israël ou qui militent dans les pays de la Diaspora pour inciter leurs coreligionnaires à le faire.
Affirmer que le CRIF, l’UEJF ou même la LICRA sont des organisations sionistes est une contre-vérité, puisque qu’elles se donnent pour but de lutter contre l’antisémitisme, non d’inciter les juifs à partir en Israël.

 

Quelles sont alors les vraies organisations sionistes ?

Le Betar, qui est à l’origine un mouvement de jeunesse juive de droite créé par Zeev Jabotinsky est un mouvement purement sioniste. Même si ses militants mènent des actions, notamment contre l’antisémitisme en France, son objectif ultime est l’installation des juifs français, en Israël ; l’Alya.
Si ce mouvement est le plus connu des antisémites en raison de la crainte qu’il inspire, il n’est pas le seul.

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Il y a aussi l’Hachomer Hatzair qui est un mouvement de jeunesse sioniste d’inspiration communiste contrairement au Betar qui est conservateur. En France, l’Hashomer Hatzaïr a été créée à Paris, dans le quartier de Belleville, en 1933, par un groupe de jeunes juifs d’origines tunisienne et polonaise. C’est un vrai mouvement sioniste même si ses membres ont quelque peu abandonné le militantisme en faveur de l’Alyah : l’incitation des jeunes à s’installer en Israël est moins systématique à la différence du Betar qui est resté plus fidèle à ses idéaux d’origine.

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D’autres courants du sionisme peuvent être évoqués :
A gauche : il y a eu l’ Hapoel Hatzaïr, qui deviendra plus tard le Mapai à l’origine du parti travailliste israélien actuel.
A droite : on trouve le Likoud appelé initialement «mouvement des sionistes généraux ». C’est le parti au pouvoir aujourd’hui en Israël.
La droite nationaliste a également une place au sein du courant sioniste : Le Hérouth lié au betar est également à l’origine du Likoud.
Enfin le sionisme comporte aussi une branche d’extrême droite : le Brit Ha’Birionim, ancêtre du fameux groupe Stern, nettement inspiré du fascisme italien de Mussolini et qui a opéré avant l’indépendance d’Israël. Notons que c’est un courant marginal au sein du sionisme même s’il ne faut pas en nier l’existence.

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Les groupes cités relèvent du sionisme politique mais il existe aussi des courants sionistes religieux.
Comme les partisans du Grand Israël sur les deux rives du Jourdain qui sont regroupés au sein du Parti national-religieux Kach fondé par le rabbin Meir Kahane. Les militants de la ligue de défense juive se revendiquent de ce parti bien qu’en France la LDJ n’ait pas une dimension particulièrement religieuse. On pourrait la ranger plutôt dans la catégorie de l’extrême droite nationaliste laïque.
Petite parenthèse : La LDJ qui fait beaucoup fantasmer en France recouvre des réalités très différentes selon les pays. Par exemple aux États-Unis, le mouvement a été lié à la mafia italo-américaine et plus tard classé comme organisation terroriste. Rien à voir avec la situation en France. On imagine bien que si la LDJ était une vraie organisation mafieuse ses détracteurs n’oseraient même pas prononcer son nom…

Soulignons brièvement d’autres tendances marginales de sionisme, notamment le sionisme territorialiste qui visait à l’établissement d’un foyer national juif en dehors de la Palestine historique. Ce courant sera détaillé dans un autre article.
Les Cananéens qui se revendiquaient d’un nationalisme hébreu rejetant toute référence religieuse au judaïsme représentent un cas de figure qui mérite également réflexion.

 

Un terme mal utilisé ou instrumentalisé

Revenons sur la définition actuelle du sionisme. C’est donc une idéologie qui prône le retour des juifs de la Diaspora en terre d’Israël.
De cette définition du sionisme, découle celle de l’antisionisme. Être antisioniste, c’est être opposé à l’existence de l’État d’Israël. Aujourd’hui, n’en déplaise à certains, cette forme d’antisionisme est forcément obsolète. Fatalement l’antisionisme devrait désigner à présent l’opposition au retour des juifs de la Diaspora en terre d’Israël. Cela n’a donc rien à voir avec le fait d’être pro-palestinien.
Si on prend le cas de la France, ceux qui se disent antisionistes, devraient logiquement être opposés au départ des juifs français pour Israël.
Affirmer être antisioniste et antisémite à la fois est une grave contradiction car cela signifie refuser que les ennemis juifs quittent la France. C’est une absurdité.

Cette mise au point montre que les défenseurs de la cause palestinienne, les antisionistes et les antisémites ne maitrisent pas le sujet et baignent dans une confusion permanente.
Hélas cette confusion est aussi présente chez certains juifs qui se revendiquent trop facilement sionistes alors qu’ils n’ont pas la motivation ou le courage d’aller vivre en Israël. Ils sont seulement des juifs pro-israéliens dont l’investissement pour Israël est d’ailleurs discutable.

Pour finir, je ne renverrais pas dos à dos les juifs pro-israéliens et les musulmans pro-palestiniens, notamment en France. Il y a une différence fondamentale.
Pour une raison simple. Qu’ils soient sionistes ou non, les juifs de France ont un lien indéfectible avec Israël. Et ce lien, c’est la loi du retour qui permet à tout juif de la Diaspora d’aller vivre en Israël et de prendre la nationalité israélienne. Les juifs de la Diaspora ont d’ailleurs souvent de la famille en Israël.
Un tel lien n’existe pas entre les palestiniens et les musulmans français car la majorité d’entre eux sont algériens, marocains, tunisiens… Ils n’ont donc aucune légitimité historique à soutenir la Palestine sauf à s’appuyer sur l’islam. Ce qui est un autre débat.
De plus, quand ils soutiennent les palestiniens, il n’y a pas de réciprocité car les palestiniens se fichent bien des musulmans de France. Se soucier d’un peuple qui vous ignore royalement devrait inciter à réfléchir.

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Quelle conséquence?

Dans les années 60, 70 et même 80, les musulmans se désintéressaient complètement de la cause palestinienne. Et les rapports avec les juifs étaient corrects, y compris dans les quartiers populaires. Que s’est-il passé pour que s’opère cette dérive ? Manipulation, islamisation, instrumentalisation de la gauche ? Les hypothèses sont nombreuses et je pense que personne n’a vraiment la réponse. Nous ne pouvons que constater.
Malheureusement, il est certain que les musulmans paieront cher le prix de cette hérésie identificatoire.
Dans l’hypothèse de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en France, ils risquent d’être en première ligne et de vivre des heures sombres.
Si on peut augurer que les juifs seront relativement épargnés, prendront-ils fait et cause pour leurs concitoyens musulmans après tant d’années de haine anti-israélienne ?

C’est hélas peu probable.