« Trepverter », l’esprit d’escalier en Yiddish, la remarque incisive à laquelle on pense trop tard…
Denis Diderot, philosophe et écrivain français du XVIIIè siècle se trouvait à un diner lorsqu’un débat s’est ouvert sur un sujet qu’il connaissait bien. Mais peut-être qu’il n’était pas en pleine possession de ses moyens ce soir-là, peut-être qu’il était un peu gêné, distrait, ou qu’il avait peur de passer pour un idiot. Sur un point de désaccord, il s’est trouvé à court d’idées, incapable de bricoler une réponse intelligente. Peu de temps après, il s’est éclipsé.
Une fois sorti, en descendant les escalier, Diderot rejouait ce moment humiliant dans sa tête, à la recherche de la réplique parfaite, mais en vain. C’est lorsqu’il s’est retrouvé tout en bas qu’enfin, elle lui est apparue. Devait-il faire demi-tour, gravir de nouveau les escaliers et retourner parmi les convives pour lancer sa brillante riposte ? Bien sûr que non. Il était trop tard. Le moment était passé, et avec lui, l’opportunité de se défendre. Il était submergé de regrets. Si seulement il avait eu la présence d’esprit de trouver ces mots lorsqu’il en avait besoin.
En 1773, alors qu’il réfléchissait à cet épisode de sa vie, Diderot a écrit: « L’homme sensible, comme moi, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu’au bas de l’escalier. »
Mais ma traduction favorite demeure afterwit, l’esprit d’après coup. L’idée est toujours la même : il s’agit de la remarque incisive à laquelle on pense trop tard. C’est la réplique qui reste coincée quelque part. La riposte orpheline, qui porte en son sein des sentiments de regret, de déception et d’humiliation. Nous voudrions tous pouvoir tout recommencer depuis le début. Mais ça ne se passe jamais comme ça…