Un « goy » parle du Bétar en 1998
Le Bétar est une organisation sioniste de droite. Elle a été fondée en 1923 à Riga, en Lettonie, par Vladimir Zeev Jabotinsky.
Ces valeurs sont la préservation de la culture, juive, la valorisation de la langue hébraïque et l’auto-défense.
Implantée dans plusieurs pays, comme les USA, le Canada et la France, elle se donne pour mission de lutter contre les antisémites de tous bords et d’inciter les jeunes juifs à faire leur Alyah.
Ses militants mènent depuis des décennies des actions coup de poing contre les ennemis des juifs: extrême-droite, extrême-gauche, islamistes…
Le texte suivant a été écrit par un certain Denis en 1998 sur un forum de discussion politique (qu’on appelait newsgroups à l’époque). C’était les débuts d’internet en France, les réseaux sociaux n’existaient pas, mais le Web était déjà un terrain d’affrontement virtuel entre les militants politiques de tous bords.
1998, c’était 3 ans avant le 11 septembre, 2 ans avant la seconde Intifada.
Les ennemis politiques des juifs étaient encore situés majoritairement à l’extrême-droite, un peu à l’extrême gauche à cause de l’antisionisme … Le nouvel antisémitisme arabo-musulman n’existait pas officiellement, il balbutiait mais ses prémisses étaient là. Depuis le début des années 90, se déroulaient occasionnellement des affrontements entre jeunes juifs et jeunes des cités. Parfois, le Bétar intervenait.
L’explosion du nouvel antisémitisme au début des années 2000 pointait le bout de son nez comme si la seconde Intifada et un an plus tard le 11 septembre n’étaient qu’une étincelle, un prétexte pour le déchaînement de la haine.
Sur le forum, les internautes réagissaient au tabassage par le Bétar de militants du GUD et de journalistes arabes antisémites lors du procès du négationniste Garaudy devant la XVII ème chambre correctionnelle où il était jugé pour incitation à la haine raciale.
Les condamnations à l’encontre du Bétar étaient unanimes. Elles émanaient surtout de militants d’extrême droite ou négationnistes. Mal à l’aise et ambigus, des juifs de gauche fustigeaient à la fois les négationnistes et ceux qui avaient voulu les punir physiquement.
Parmi toutes ces réactions, l’une d’elles détonnait. Denis qui se présentait comme un membre du RPR, républicain, catholique traditionaliste mais pas intégriste écrivait:
» Je réagis aux incidents graves qui se sont déroulés au Tribunal lors du procès Garaudy. Des militants du Bétar ont violemment agressés des partisans de Garaudy venant de l’extrême-droite et de l’ultra-gauche. Plusieurs personnes ont été blessées. Notamment un journaliste arabe qui a reçu un coup de pied dans la tête et qui hurlait jusqu’à en pleurer dans le Tribunal. Que pensez de cette action quand on est un français « normal », je mets normal entre guillemets pour dire que je suis un catholique de droite, mais pas d’extrême. J’exècre les voyous et les extrémistes de tous bords. Je veux vivre normalement en France. Je suis pour la liberté d’expression et pour la démocratie mais je considère que le bien-vivre ne peut se faire que grâce au maintien de l’ordre républicain.
Voici mon interprétation des incidents. L’ordre auquel j’aspire a volé en éclat. La faute à qui? Aux militants radicaux juifs? Aux antisémites? Aux négationnistes?
A première vue, le Bétar est responsable. Il a empêché le déroulement normal du procès. Garaudy a tenu des propos ignobles. Il devait être sévèrement condamné. Mais puni par la loi, pas par des nervis…
A première vue, on pourrait dire que les victimes étaient les soutiens de Garaudy qui n’ont pas lancé les hostilités et qui ont tenté de se défendre face aux agressions du Bétar.
Ça, se sont les faits. Maintenant il faut s’intéresser aux idées. Qui étaient les partisans de Garaudy? Des militants d’extrême droite à la limite du néo-nazisme pour certains. Des fascistes, des racistes, des antisémites, des négationnistes. On a vu aussi quelques jeunes racailles de banlieues qui ne devaient pas comprendre ce qui se jouait dans le Tribunal. Ils ne comprenaient pas mais étaient quand même là pour soutenir Garaudy contre les « feujs ». Curieux mélange entre fachos en bombers, docs martens, et crânes rasés, journalistes arabes négationnistes, et « lascars » en Lacoste et avec la casquette-visière en arrière…
Tous ces gens différents mais qui pour moi ont en commun de représenter tout ce qui menace la république, à savoir l’extrémisme et la délinquance…
Dans cette histoire, puis-je prend fait et cause pour le Bétar? Moi le républicain catholique et disons-le bourgeois attaché à la sécurité et à l’ordre.
Cela peut choquer, mais c’est le cas…
Je ne fais aucune illusion sur le Bétar. Son idéologie radicale, son sectarisme outrancier, ses méthodes musclés en fait un ramassis de fachos qui s’ignorent.
Quand tu parles de ces oiseaux-là, les skinheads et hooligans de la tribune Boulogne (P.S.G) en tremblent. Même le DPS (service d’ordre du Front National) les crains comme la peste.
Mais dans une république qui cède pitoyablement à toutes les violences; celles des extrémistes de droite, des anarchistes, des banlieusards, des corses, des basques… j’éprouve un frisson de plaisir honteux en constatant que d’une certaine façon le Bétar veille… «