Zeev Jabotinsky parle des Juifs séfarades

Extrait de « Histoire de ma vie »

Si on m’autorise de là-haut à choisir un peuple et une race, je répondrai : « All Right Israël mais, séfarade ». Je m’étais pris d’amour pour les sépharades, et peut-être précisément pour les qualités qui leur valent les sarcasmes de leurs frères ashkénazes : leur « superficialité » m’est de beaucoup préférable à notre profondeur inefficace ; j’apprécie leur inertie plus que notre tendance à courir après la moindre chimère ; des générations de torpeur intellectuelle et politique ont préservé leur fraîcheur spirituelle ; et pour ce qui concerne la richesse culturelle, j’hésite pour savoir ce qui rapprochera plus l’homme de la civilisation occidentale, un livre d’éducation française ou une tonne de mystique russe. À Salonique, à Alexandrie, au Caire, vous trouverez une intelligentsia juive de la même trempe qu’à Varsovie ou à Riga ; et en Italie bien supérieure à celle de Paris et de Vienne. J’accepte de reconnaître leur grand et unique défaut : dans le domaine de l’action sioniste, il n’y a pas encore dans leur coeur un esprit de conquête, pas d’ « ambition », mais cela aussi viendra avec le temps.