4 Juifs au parcours détonnant

L’expression du judaïsme peut prendre des formes diverses.
Voici l’exemple de quatre juifs qui ont eu des parcours différents voire opposés. J’ai connu certains d’entre eux.
Le premier s’est engagé dans l’armée rouge pendant la seconde guerre mondiale. Il est devenu un partisan soviétique. Cet engagement était une vengeance contre les nazis qui ont massacré une partie de sa famille. Il s’agissait moins d’épouser les idéaux communistes que de tuer le plus de nazis possible pour expier les horreurs vécues.
Le second a adhéré à un groupuscule d’extrême droite après la seconde guerre mondiale avant de réaliser son erreur et de rejoindre plus tard une organisation sioniste. Quelques années après, il partira en Israël. Son engagement était lié à l’histoire de ses parents pendant la seconde guerre mondiale. Ils ont été emprisonnés dans un camp en Sibérie dans des conditions épouvantables. Pour lui, l’ennemi c’était donc avant tout les communistes dont ils voulaient combattre les héritiers en rejoignant le camp opposé, malgré l’antisémitisme qui le caractérisait.
Le troisième, qui n’avait jamais été pratiquant, est devenu religieux dans les années 60. Il prenait alors le contre-pied de sa famille qui avait été décimée pendant la Shoah. Pratiquer le judaïsme consistait à affirmer fièrement son identité contrairement à ses ainés dont l’assimilation n’avait pas empêché le massacre.
Enfin, le quatrième a pris un chemin opposé. Il faisait partie de ces juifs qui affirmaient : « Dieu est mort à Auschwitz ». Bien que très attaché à sa judéité, le sort des siens pendant la guerre l’a conduit a rejeter toute pratique religieuse. Il a décidé de sublimer son judaïsme en devenant producteur de cinéma. La créativité et la force vitale qui caractérisaient ses films s’opposaient à l’ambiance mortifère qui minait les juifs d’après guerre.
Quatre parcours singuliers. Si ces juifs s’étaient rencontrés, ils se seraient probablement ignorés, opposés, ou même combattus.
Pourtant ils ont réagi chacun à leur manière et selon leur histoire familiale à la destruction des juifs d’Europe.
Bien que certains aient adopté des modes de vies et adhéré à des idées qui ne sont pas directement liés au judaïsme ou qui en sont parfois contradictoires, leur choix correspond bien à une affirmation forte de celui-ci.
Cela montre que le judaïsme dépasse largement le cadre des catégories et des clivages : religieux, laïcs, socialistes, conservateurs, communautaires, assimilés… Il s’exprime bien au delà de son champ traditionnel.
Mais c’est aussi paradoxalement une difficulté pour la cohésion du peuple juif; un ensemble d’individus qui manifestent leur identité en autonomie sans lien systématique entre les uns et les autres.
Certains diront qu’Israël avec sa grande diversité de juifs a réalisé cette unité dans la différence.
Avant, qui sait, l’avènement d’un nouveau modèle…