Néo-judaïsme versus judaïsme libéral
Paul Giniewski explique dans son livre « Le néo-judaïsme » en quoi sa doctrine diffère du judaïsme (qu’il nomme libéralisme juif).
Si le néo-judaïsme consiste à réinterpréter les textes et par conséquent à édicter de nouvelles règles, il explique que le judaïsme libéral se contente d’abolir les commandements que l’époque moderne rendrait obsolète.
Extrait:
A ce point de notre esquisse du néo-judaïsme, il faut préciser en quoi il se distingue d’un certain nombre de formes du « libéralisme » juif, mouvement de rénovation, qui commet cependant de graves erreurs de tri. Le libéralisme prétend, lui aussi, intégrer le judaïsme au moment de chaque temps. Mais il abolit. Voici comment.
Dans son livre « L’Enseignement libéral du judaïsme », le rabbin André Zaoui, nous en propose les recettes. Restons sur le terrain des mêmes lois alimentaires, pour observer le même objet à la faveur d’un éclairage différent. Zaoui a aboli plusieurs de ces lois. Car « les lois diététiques, écrit-il, furent certes les plus avancées de l’époque, comme les autres lois de la Torah touchant la justice et l’amour, qu’aucun code ni déclaration des droits n’ont à ce jour surpassées. C’est pourquoi les Juifs libéraux considèrent que sur le plan moral et spirituel, la doctrine de Moïse et des prophètes demeure éternellement valable. Cela ne peut plus être dit des lois et des règles qui relèvent de l’hygiène ».
Or, ce « plus » et cet « à ce jour », autour de quoi tout tourne, car c’est le lieu où tout arbitraire peut s’insinuer, ont conduit les judaïsmes libéraux à toujours simplifier, mais sans ajouter, par respect des textes qu’on veut bien élaguer, mais pas enrichir, à perdre dangereusement de vue la mission d’Israël. Car si l’on considère des lois alimentaires caduques dès qu’elles ont passé dans le patrimoine général des nations, pour quelles raisons n’en ferait-on pas de même, un jour, pour les lois morales et les doctrines spirituelles, et surtout, pour l’essence du judaïsme dont il s’agit avant tout ? Quand un libéralisme, quand des libéraux considéreront que l’excellence d’un certain groupe de doctrines juives, ou leur essence juive, est suffisamment communiquée au monde, pour quelle raison, en bonne logique, agirait-on différemment qu’avec les lois alimentaires ?
Le libéralisme invoque à l’appui de sa doctrine que l’interprétation doit aller jusqu’à l’annulation.
Or l’interprétation ne doit aller que dans le sens d’un enrichissement. On n’intéresse les gens qu’à l’action et à la construction, pas à la démolition.