L’étincelle et la grisaille

J’arpente les rues, égaré dans cette perte de sens. Alors, je me tourne vers les forêts, vers les montagnes, cherchant une réponse. Mais rien ne vient. Rien, si ce n’est cette grisaille qui m’encombre l’esprit.

Pourtant, une étincelle persiste. Une bribe de motivation, un souffle de vie. Preuve que je ne suis pas mort, que je ne me suis pas donné la mort. Et pourtant, elle est là, tapie en moi. Je l’ai affrontée du regard, elle a baissé les yeux… mais sa présence demeure, intangible, violente.

J’ai traversé des champs, où la laideur ambiante, mêlée à une violence inouïe mais invisible, n’a pas réussi à me faire vaciller. Et pourtant, j’étais terrifié. Pourchassé par des fantômes, j’ai senti qu’ils m’arrachaient une partie du cœur. Je ne sais pas ce qu’ils en ont fait. Ce qui reste, lui, est endurci par la douleur, forgé par des lectures, des combats incessants—physiques, intellectuels, spirituels.

Puis j’ai grimpé des montagnes, moi qui n’ai pourtant aucune aptitude aux efforts bruts et constructifs. Alors, j’ai compris. Une force me guidait. Une force suprême, peut-être. En tout cas, une force qui m’anime. Que je dois tenter de comprendre. Que je ne décèlerai peut-être jamais… mais qui est là. Et que je dois transmettre.