1948, des Arabes sauvent la peau de membres du Groupe Stern en confrontant les Britanniques

Afin d’organiser l’évasion de leur seule membre féminine, Gueoulah Cohen, prisonnière des anglais, le Groupe Stern, organisation radicale pour l’indépendance d’Israël, a fait appel à des Arabes. Ceux-ci ont déclenché une fausse bagarre dans un hôpital pour faire diversion.
Finalement arrêtés par le police britannique, soudoyés et torturés, ils n’ont pas lâché un mot aux anglais et ont sauvé la peau des Juifs.

Gueoulah Cohen et Yitzhak Shamir (Michael) s’interrogent sur les motivations de leurs alliés arabes…

Extrait du livre ;  » Souvenirs d’une jeune fille violente. »

 

Aucun des trois ne nous trahit jamais.

– C’est une des choses que je n’arrive pas à comprendre, ai-je dit récemment à Michael. Comment l’expliques-tu ?
Je m’étais moi-même posé cette question d’innombrables fois, et plus je tâchais d’y répondre, moins j’y comprenais quelques chose. Je connaissais naturellement les liens personnels qui attachaient Elhanan avec Youssouf Abu-Gosh et la confiance que lui apportaient les habitants de cette localité. Je n’ignorais pas non plus la fierté nationale et le courage de ces paysans arabes dont l’hostilité aux Britanniques était affaire de tradition ; la longue et étroite amitié qui unissait les hommes d’Abu-Gosh aux villages juifs voisins, près de Jérusalem, sur la route nationale qui conduit à Tel-Aviv. Mais je n’arrivais pas à me convaincre que cela puisse les avoir conduits à accorder de l’aide au Lekhi et à être prêt à supporter les tortures et à refuser les propositions tentantes des Britanniques. Michael essaya de me répondre, mais je compris que c’est surtout lui-même qu’il essayait de convaincre :

– Nous devrions tenter de comprendre cet épisode dans le contexte d’un phénomène plus généralisé, me dit-il. Ce n’est pas un incident isolé, mais quelques chose qui commença  dès que les Juifs opposèrent une résistance armée aux Britanniques et poursuivirent la guerre jusqu’à la proclamation de l’Indépendance. N’as-tu pas remarqué que, pendant toute la période de la résistance contre les Britanniques, les Arabes cessèrent presque complètement de s’attaquer aux Juifs ? Dès que nous avons déclenché la lutte armée, le problème palestinien s’est complètement transformé. Il n’a plus plus été le problème de la lutte arabe contre les Anglais mais celle des Juifs. Les organes de la propagande arabe se turent à l’époque, non seulement à cause de la Grande Guerre, mais surtout parce qu’ils avaient été impressionnés par cette démonstration de force et de courage des Juifs qui les a stupéfiés  d’autant plus qu’ils ne s’y attendaient pas du tout. Cette stupéfaction pétrifiée, tel fut le tournant capital de la lutte. Ils ont été pris de frayeur, mais aussi d’une admiration réelle, et quand l’ennemi t’admire, il est vaincu d’avance ; certes cette admiration ne conduit pas inévitablement à la collaboration, mais des circonstances très particulières comme dans ce cas – les liens personnels, l’amitié fraternelle, etc. – peuvent aboutir à une complicité active.

Cette explication m’est apparue comme étant assez logique. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui encore, quand il m’arrive de rencontrer Youssouf Abu-Gosh et ses cousins, je ne puis les regarder dans les yeux sans avoir le sentiment d’une dette de gratitude très personnelle, et c’est un sentiment que je n’aurais jamais éprouvé si des hommes du Lekhi avaient été torturés à cause de moi.

 

 

 

 

lehi