Chaïm Rumkowski, le bourreau juif qui se pensait en héros

 rumkowski
Qui est Chaïm Mordechai Rumkowski?
 
Chaim Mordechai Rumkowski né le 27 février 1877 en Russie et décédé le 28 août 1944 est un homme d’affaires juif polonais placé par les nazis à la tête des autorités juives du ghetto de Łódź.
Avant l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, Rumkowski dirige un orphelinat. Le 13 octobre 1939, les autorités nazies le désignent à la tête des autorités juives du ghetto de Łódź. À ce poste, Rumkowski relève directement de l’administration nazie du ghetto dirigée par Hans Biebow mais est responsable, entre autres, du travail, de la nourriture, du logement et du service de santé au sein de celui-ci. Il intensifie bientôt son pouvoir tandis qu’il transforme le ghetto en un complexe industriel, convaincu que la productivité des juifs assurera leur survie.
L’année 1942 est marquée par son discours Donnez-moi vos enfants à la suite de la volonté des nazis de déporter 20 000 enfants vers les camps de la mort.
En 1944, les Allemands procèdent à la liquidation du ghetto à la suite de leurs défaites à l’est. En août, Rumkowski et sa famille prennent volontairement le dernier convoi vers Auschwitz et y meurent le 28 août 1944.
 
 
Le commandement tyrannique d’un chef assoiffé de pouvoir et de reconnaissance.
 
Rumkowski comme s’il était né pour cette fonction n’a pas discuté avec les Allemands et a exécuté leurs ordres.
lI crée dans ghetto une dictature d’opérette où lui et ses sicaires ont tous les droits que les bourreaux leur laissent.
Pensant assurer la survie de la communauté en sacrifiant les improductifs, les malades, et les enfants aux quotas de déportations nazis, Mordechai Chaïm Rumkowski est devenu un rouage à part entière dans le processus d’exploitation et d’extermination nazi.
Poursuivant la chimère d’une ville-atelier pouvant devenir une république juive au sein du Reich, Rumkowski appliqua les critères nazis à sa gouvernance du Ghetto. Il compta les juifs en milliers de travailleurs, puis en dizaines de milliers de déportés. Son administration livra aux SS les enfants et les vieillards, persuadée qu’il fallait «amputer les membres pour sauver le corps.»
Il promis à Himmler de construire une ville ouvrière et de continuer à travailler pour les nazis afin d’honorer ce qu’il estimait être une dette envers les bourreaux.
Il poussa sa mégalomanie jusqu’à se faire nommer Chaim Ier par les juifs du Ghetto.
L’argent du ghetto, surnommé Rumki, parfois Chaimki dérive de son nom comme il l’avait souhaité et des timbres-poste du ghetto sont imprimés à son effigie. Chaïm Rumkowski fit frapper une monnaie en alliage léger, rayée et rongée qui portait sur une face l’étoile juive, la date de 1943 , le mot « getto » et une inscription « Doyen des juifs à Litzmannstadt ».
 
 
Chaïm Rumkowski, une figure controversée.
 
Bien que Rumkowski et d’autres Judenrat ont été considérés comme des collaborateurs et des traîtres, les historiens de la fin du XXe siècle ont réexaminé les faits à la lumière des conditions de l’époque. Un survivant du ghetto de Łódź a écrit dans ses mémoires que Rumkowski avait donné à des gens de Łódź davantage de chance de survivre même s’ils n’étaient que quelques milliers. Il écrit ainsi : « il s’agit d’un calcul horrible mais il donne à Rumkowski une victoire posthume ». Quand les nazis forment le ghetto, il comprend leur mentalité : ces gens ne veulent pas entendre parler des Juifs comme d’individus, mais comme d’une masse dont la survie n’est tolérable que si elle fournit des esclaves. Il fait régner un ordre ubuesque mais protecteur, développe une ombre de politique sanitaire.
Un portrait peu flatteur de celui que l’on appelle par dérision le « roi Chaïm » ou le « dictateur du ghetto », est décrit dans des papiers cachés formant les archives du ghetto. Il était intelligent, sans être instruit, il avait une excellente mémoire et comprenait rapidement les choses ; il était aussi très ambitieux… C’était un autocrate ; il n’oubliait pas quand quelqu’un lui avait rendu service, mais n’oubliait pas non plus, longtemps après, quand quelqu’un s’était opposé à lui. Il est également décrit comme un autocrate pédophile et un tyran qui s’est bâti un empire personnel à l’intérieur même du ghetto. D’ailleurs sa pédophilie avérée symbolise toute l’ambiguïté de sa politique: s’il prétend oeuvrer au bien de ses «enfants», cela a plus à voir avec une volonté carnassière de puissance qu’avec un sacerdoce sacrificiel.
Dans son livre « Les Dépossédés », Sem-Sandberg, journaliste et romancier suédois explore Rumkowski en son royaume, ce mélange de ruse et d’orgueil, de puissance et de faiblesse, d’ingénuité et de perversion.
Sem-Sandberg écrit que «la question de savoir si Rumkowski doit être vu comme un sauveur ou un traître, un héros ou un bouc-émissaire est dans un sens entièrement théorique. Tout dépend du point de vue qu’on adopte». Si l’attentat contre Hitler avait réussi ou si les Russes avaient franchi plus tôt la Vistule, Łódź.aurait été libéré six mois plus tôt, «et Mordechai Chaïm Rumkowski serait peut-être sorti des ruines de l’ancien ghetto juif de Łódź comme celui qu’il avait toujours voulu être : le sauveur de son peuple captif, et non – ainsi que le décrit aujourd’hui l’Histoire – comme l’un des instruments les plus dociles des bourreaux nazis.» Une vertu du roman est de permettre de penser l’un et l’autre.
 
Mais si on considère que Rumkowski ne peut être jugé que par ses pairs, nous devons connaitre le sort que lui ont réservé les survivants juifs du Ghetto. En effet Rumkowski fut arrêté à son tour et envoyé lui aussi à Auschwitz avec toute sa famille, histoire pour les nazis de le remercier de ses bons et loyaux services. Là-bas, on sut quel avait été son rôle. A peine débarqué, des déportés qui travaillaient au Sonder Commando du camp, l’ont battu à mort dans le vestibule d’une des chambres à gaz. Ils l’ont tué de leurs mains, pour ne pas laisser au Zyklon B le soin de faire disparaître du monde des vivants Chaïm Rumkowski.
 
 Sources:
Wikipédia

Mémorial de la Shoah
« Craint qu’un jour un train ne t’émeuve plus » de Jean Nainchrik
Libération
Bibiops

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