Juif marginalisé, Juif marginal
Extraits de Juif marginalisé, Juif marginal. Quelques réflexions introductives
Philippe-Efraïm Landau
« Au niveau individuel, les comportements transgressifs et déviants de certains Juifs ont été rarement évoqués sinon dans quelques biographies, sans doute pour ne pas desservir, en soulignant ces côtés personnels obscurs, l’image d’un groupe dont l’histoire fut souvent douloureuse . »
« La Révolution met en principe un terme à l’arbitraire : les Juifs peuvent résider où ils veulent, les délits et les crimes sont les mêmes pour tous, comme les peines encourues. Or, en délivrant les Juifs des contraintes communautaires, l’Émancipation a fait imploser les structures de leurs anciennes « nations » et accentué un paupérisme déjà présent auparavant. C’est ce qui explique sans doute l’apparition d’une délinquance juive organisée à grande échelle, comme celle que nous relate Danielle Delmaire dans les confins du Nord sous le Directoire. Grâce aux archives de la ville de Lille et du département du Nord, elle a pu retracer les parcours et les méfaits de bandes composées principalement de délinquants juifs et qui sont aussi de véritables clans familiaux. »
« Souvent évoquée dans la littérature, de Baudelaire à Maupassant, la Juive nourrit surtout les fantasmes de l’homme occidental. Elle a ainsi la « valeur de symbole sexuel » et, la prostituée juive, du fait de son origine, est à la fois désirée et méprisée . Voyeurisme, érotisme et antisémitisme ont sans doute partie liée dans le succès de ces cartes postales où des femmes orientales, souvent dénudées, sont désignées comme étant des prostituées juives. »