La sécurité ne doit plus être un droit régalien

Aujourd’hui la sécurité intérieure est assurée par la police et l’armée: brigades de police, gendarmerie, opération sentinelle…
Elles disposent du monopole pour exercer ces missions. Car la sécurité est un droit régalien de l’état, comme la sécurité extérieure et la justice.

C’est là que le bât blesse. Force est de constater que l’ordre est précaire dans le pays: agressions, manifestations qui dégénèrent, actes terroristes…
L’état est dépassé et n’est plus capable de maintenir la paix intérieure. Notre pays est de plus en plus violent et le sentiment d’insécurité est grandissant.
Manque de moyens, formations insuffisantes, hiérarchie inhibante, justice qui ne suit pas… Les causes de cette situation sont nombreuses et pourraient être longuement débattues.

Si l’état est défaillant, pourquoi ne pas compter sur les sociétés de sécurité privées? Aujourd’hui, celles-ci exercent des missions de surveillance, de protection, de renseignements et de conseil… Leurs salariés n’ont le droit d’utiliser la force qu’en cas de légitime défense et ne sont pas armés. En outre, ils n’ont aucun pouvoir de police judiciaire.
A l’avenir, ils pourraient avoir les mêmes attributions que les agents de l’état: maintien de l’ordre, contrôles d’identité, enquêtes, arrestations…
Cela ne signifierait pas pour autant que la police et l’armée cesseraient d’exercer leurs missions traditionnelles. Au contraire, elles collaboraient avec ces sociétés aux pouvoirs accrues.
Les agents de sécurité, « ces policiers privés » seraient évidemment très bien formés, contrôlés, d’excellente moralité et assermentés.
Certains vont évidemment parler de milices…
Or une milice n’en est une que lorsqu’elle agit dans l’illégalité. Ce n’est pas le cas ici.

D’un point de vue philosophique que pensez de cette évolution possible… probable…?
Elle illustrerait certainement la fin de la sacralisation de l’état. Elle serait une caractéristique d’une société moderne où la sécurité devient une prestation.
Elle correspond aussi à une certaine idée de l' »empowerment », ce concept consistant à octroyer davantage de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques auxquelles ils sont confrontés.

Je reste persuadé que si l’état n’a plus à être omniprésent et omnipotent dans le domaine de la sécurité, comme dans celui des services publics, il doit toujours définir l’ordre social et sociétal dans lequel vivent les individus.
Une France sécurisée et pacifiée. Mais au bénéfice et au détriment de qui?