Le portefeuille de l’identité: qui suis-je?

Personne ou presque n’a qu’une identité. Personne n’est uniquement musulman, ou uniquement italien, ou uniquement capitaliste. De temps en temps, cependant, apparaît un credo fantastique exigeant de ne croire qu’à un seul récit et de n’avoir qu’une seule identité. Dans le passé récent, le crédo de ce genre le plus fanatique a été le fascisme. Il demandait aux gens de ne croire à aucun autre récit que le récit nationaliste et de n’avoir d’autre identité que leur identité nationale. Tous les nationalistes ne sont pas des fascistes. La plupart des nationalistes ont foi dans le récit de leur nation et insistent sur ses mérites uniques et leurs obligations uniques envers elle tout en reconnaissant que le monde ne se réduit pas à celle-ci. Je puis être un Italien loyal me reconnaissant des obligations particulières envers ma nation tout en ayant d’autres identités. Je peux être aussi socialiste, catholique, mari, père, chercheur et végétarien- chacune de ces identités impliquant des obligations supplémentaires. Il arrive que mes diverses identités me tirent dans des directions différentes, et que certaines de mes obligations soient en conflit avec d’autres. Bon, mais qui a dit que la vie était facile ?

Le fascisme est ce qui arrive quand le nationalisme veut se rendre la vie trop facile en niant toutes les autres identités et obligations. La plus grande confusion règne ces derniers temps autour du sens exacte du mot « fascisme ». D’aucuns traitent de « fascistes » tout ceux qu’ils n’aiment pas. Le vocable risque de dégénérer en une injure fourre-tout. Que signifie-t-il vraiment ? Brièvement, alors que le nationalisme m’apprend que ma nation est unique et que j’ai des obligations particulières envers elle, le fascisme me dit que ma nation est suprême et que j’ai envers elle des obligations exclusives. Quelles que soient les circonstances , je ne dois jamais faire passer les intérêts d’un groupe ou d’un individu avant ceux de ma nation. Même si celle-ci ne doit tirer qu’un profit dérisoire de la misère infligée à des millions d’inconnus dans un pays lointain, je ne dois avoir aucun scrupule à la soutenir. Sans quoi je ne suis qu’un méprisable traître. Si ma nation exige que je tue des millions de gens -je dois les tuer. Si elle me demande de trahir la vérité et la beauté-je dois les trahir.

 

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