« Opération Youpins », le plan de la Mafia italienne pour sauver des enfants juifs

À Milan, en novembre 1943, une quinzaine de garçons d’une école juive et leur rabbin doivent fuir les nazis.
Ils tentent de rejoindre la Suisse par la Haute Montagne.
La situation est désespérée : la faim, le froid, la peur…
A New-York, des membres du Rescue Committee travaillent jour et nuit pour sauver les Juifs d’Europe. Parmi eux, un rabbin influent et charismatique, le Rav Werzburger.
Lui vient l’idée de faire appel à la Mafia italienne.
Un vrai dilemme ! Comment travailler avec des criminels quand on est religieux ?
Il se souvient d’un passage du Talmud :  » Rien n’interdit de se servir du mal pour faire le bien.  » Il prit alors la décision de contacter la Mafia.

Périple rocambolesque en plein coeur de New-York : avec ses assistants, il part à la recherche du parrain de la Mafia, Joseph Bonnano. Celui était surnommé « Joe Bannanas » ou « Joe le fou ».
Pensant avoir à faire avec des ennemis, les mafieux enferment le rabbin et son équipe dans une cave. Ils les interrogent, les menacent. Les Juifs gardent la tête froide et expliquent calmement aux gangsters leur projet : se servir des relations de la Mafia italienne pour amener des enfants juifs aux USA.

Impressionné par le courage de ce petit rabbin, Joseph Bonnano accepte l’opération. Il ne demande pas d’agent. C’est une façon pour lui d’accomplir une bonne action. Pour se racheter de tous ses méfaits… Il espère ainsi aller au paradis. En contrepartie, il exige que le Rav Werzburger parle de lui à Dieu afin pour qu’il l’accueille au paradis. Le parrain baptise cette mission : « Opération Youpins »…

Grace à des contacts dans l’armée américaine, Bonnano parvient sans grandes difficultés à faire partir en avion les enfants juifs aux USA. Ils sont sauvés.
C’est donc l’action conjointe de la Mafia et du Rescue Committee qui permit de secourir ces enfants.

Quelle leçon tirer de cette histoire ?
Un criminel peut parfois faire le bien. Toutefois dans la cas de Bonnano, ce n’était pas désintéressé. Il ne voulait pas d’argent… mais s’acheter une conscience.
Concernant le rabbin, c’est la question des moyens qui s’est posée. Peut-on accomplir des actes héroïques en s’alliant à des méchants ?
C’est ce qui s’est passé…
Parfois peu importe les intentions et les méthodes, c’est le résultat qui compte.

 

Joseph Bonnano

 

Source : le Parrain et le Rabbin
Livre de Sam Bernett