Polémique sur la résistance juive pendant la Shoah

Cet article aborde la notion de résistance concernant la situation des juifs durant la Shoah. 
Le terme « résistance » est souvent entendu comme lutte armée contre un ennemi. Cela a été le cas de certains juifs pendant la guerre. Mais l’auteur nous montre que d’autres formes de résistance ont été mises en oeuvre. Des actions n’impliquant pas d’opposition directe avec les nazis ont été aussi très utiles, parfois même plus adaptées à la survie dans les ghettos: délivrance de faux papiers, écoute de fréquences radio des Alliés avec diffusion d’informations dans le ghetto, cours dispensés dans la clandestinité, actes de sabotage des ouvriers juifs dans les usines et même rédaction de satires contre les Allemands pour le théâtre juif du ghetto.

Un mode de résistance plus profond a été également essentiel pour la survie des juifs: la résistance morale et spirituelle. Il s’agissait de se résoudre à l’extrême dureté des conditions de vie, à travailler sans relâche, tout en essayant de maintenir le mieux possible une vie juive, notamment les commandements religieux ou les traditions.

Ces deux formes de résistance peuvent être distinguées sans être toutefois opposées. Bien sûr, les partisans de la révolte armée ont parfois reproché aux juifs de ne pas s’être défendus. D’autres ont dit au contraire que la révolte armée était trop risquée, inconsciente, et aurait mené à la destruction totale des juifs, sapant tous les efforts alors entrepris pour survivre. Ce n’est pas ce que pensait Sarah Nishmit qui réussit à rejoindre les partisans qui luttaient dans l’ouest de la Biélorussie. Elle disait alors à l’époque:

« Si seulement les Juifs s’étaient défendus d’emblée, avaient répondu par du sabotage et par un refus total aux décrets allemands, et si seulement ils avaient tout de suite organisé la défense et pris les armes contre les assassins ! Peut-être les Allemands auraient-ils été dissuadés d’appliquer leur plan. Qui sait quelle aurait pu être l’issue d’une résistance juive généralisée ? De fait, en 1942, les Allemands subissaient de nombreux revers sur le front. »

Il est impossible de savoir ce qu’il serait advenu des juifs si un plus grand nombre d’entre eux avait opté pour la lutte armée. Quoiqu’il en soit, il ne faut juger personne. Chacun a fait ce qu’il a pu en fonction des circonstances, de ses capacités, de ses valeurs et de sa conception de la vie.
Mais si je suis personnellement admiratif de ceux qui ont une grande capacité à endurer des événements douloureux, je n’oublie pas cette phrase de George Jackson:

« La patience a ses limites. Si on la mène trop loin, elle devient de la lâcheté. »

Réflexion qu’il serait indécent de lier à la situation des juifs pendant la guerre… mais dont devrait peut-être s’inspirer les juifs européens qui connaissent une nouvelle vague d’antisémitisme aujourd’hui.   

 

Article de CAIRN. INFO