Criminalité, tous coupables…

Nous sommes tous responsables de la criminalité, chacun à son niveau.
Les premiers responsables sont évidemment les criminels eux-mêmes.
Déséquilibrés, fanatisés, tueurs professionnels, ou personnes ordinaires commettant l’irréparable sous l’emprise d’une pulsion, ils sont tous nuisibles pour la société. La clémence peut éventuellement être réservée à ceux qui sont devenus des meurtriers pour venger des membres de leur famille. Mais le jugement reste subjectif et n’atténue en aucun cas l’horreur de la criminalité ordinaire.

Responsables également; les avocats qui défendent les meurtriers et leur évitent parfois des peines sévères favorisant ainsi les récidives après leur libération.
La motivation des avocats est souvent politique ou idéologique: le criminel serait la victime et le produit d’une société par essence violente. Pourtant, la majorité des personnes qui souffrent ne basculent pas dans la violence la plus extrême.
Certains arguent que les droits de l’homme doivent s’appliquer aux criminels alors que leurs actes témoignent justement d’une disparition totale d’humanité.
D’autres souhaitent se faire connaître, ou accroître leur notoriété en devenant « l’avocat du diable ». La motivation est alors surtout égotique.
Je ne doute pas que quelques avocats sincères, idéalistes et humanistes, aient la force de déceler une parcelle d’humanité chez les criminels. Mais la psychologie importe peu; ce sont les actes qui priment. Et ces derniers ne plaident jamais en leur faveur.

Parler de psychologie nous amène à nous intéresser à la responsabilité des psychiatres et des psychologues. Ils essaient de guérir les criminels en espérant une improbable rédemption. Entreprise presque toujours vouée à l’échec car on humanise pas des monstres en jouant les sauveurs. Pourtant les thérapeutes sont parfois comparables à des prêtres qui tenteraient de laver les criminels de leurs pêchés.
Même s’ils se targuent de neutralité, leur proximité régulière avec les criminels favorise une relative bienveillance à leur égard.

Le rôle néfaste des médias dans la pérennisation de la criminalité n’est quant à lui plus à démontrer. Transformant des crimes en distractions dont doivent profiter le plus grand nombre, ils offrent aux meurtriers le statut de star. Dans une logique de profit, c’est la guerre des chaînes, des radios et des médias internet. Le gagnant est celui qui donnera l’information le plus rapidement ou qui interviewera le protagoniste le plus intéressant, même au prix d’une déformation de la réalité. Journalistes et chroniqueurs sont animés d’une frénésie malsaine qui affectent leur intégrité. Cette course à la gloire fait le jeu des criminels, bien heureux de faire parler d’eux. Pire, cette mise en scène est aussi souvent le déclencheur du passage à l’acte d’autres meurtriers potentiels, également en quête de « célébrité ».
Évidemment, les médias ne doivent pas être stigmatisés pour informer le public. D’ailleurs il ne servirait à rien de se voiler la face. Il est pour autant déplorable de sombrer dans ce voyeurisme malsain.

Enfin, nous devons impérativement nous interroger sur la place que nous occupons dans ce contexte criminel. Trop souvent, c’est celle du spectateur, tantôt indifférent, tantôt satisfait d’être aux premières loges, mais qui n’agit jamais pour améliorer la situation, quand il ne contribue pas à la détériorer. Car le crime n’est que le paroxysme de la concrétisation de valeurs négatives que nous véhiculons par notre attitude au quotidien: intolérance, mépris, humiliation, individualisme, prétention, cupidité, volonté de domination… On peut toujours se rassurer et se déculpabiliser en constatant que le pire a été commis par d’autres. Mais d’une certaine façon, on a bien préparé le terrain.

Nous concourrons tous inconsciemment à l’avènement d’une société maléfique et décadente. Les criminels deviennent les symboles de tout ce que l’on exècre mais qui fait paradoxalement partie de nous.
Si individuellement, nous ne sommes pas des assassins, peut être que nous devenons collectivement suicidaires…